Sur une terre désolée et inhospitalière, une capsule surgit des entrailles de cette terre. À son bord John Prophet, chargé de réveiller l'espèce humaine partout dans la galaxie. Une fois sorti de sa capsule, John doit faire face à un monde dangereux peuplé de créatures féroces. John a une mission et rien ni personne ne pourra l'en empêcher.
Le premier chapitre démarre sur les chapeaux de roues. Une fois John sorti de la capsule, c'est une course contre la montre qui s'engage. Le rythme de la narration est très soutenu et le premier chapitre se dévore en un rien de temps. Pas de temps mort ici, John n'a pas le temps. Cette narration est formidablement soutenue par des dessins à couper le souffle mais j'y reviendrai un peu plus tard.
Dans ce comic, c'est véritablement le scénario qui m'a emballé. C'est d'une qualité sans égale, et je vais oser vous parler de claque, tellement le choc a été grand à la lecture de ce récit. Voici ici un récit de SF prenant, noir mais porteur d'une symbolique extrêmement forte, d'une portée idéologique à la limite de la théologie. D'un point de vue philosophique, ce comic pose de vraies bonnes questions sur la condition humaine et sur sa nature. C'est très intéressant.
Tout le long de ce comic, nous assistons à un spectacle graphique et littéraire. Les chapitres se suivent mais ne se ressemblent absolument pas, ni sur le fond ni sur la forme. Le dessinateur change quasiment à chaque chapitre, ce qui peut donner une impression de décousu mais qui n'en est rien. J'ai même trouvé que cette donnée soulignait encore plus le récit. À chaque chapitre on découvre un nouveau John Prophet et c'est donc à chaque fois une nouvelle interprétation de John, par un autre artiste. Et que dire des décors, des paysages, des lieux tous mieux dessinés les uns que les autres.
Je pense que c'est là la grande force de ce comics : voir les différentes interprétations de Prophet tout en restant dans un tout bien encadré et bien écrit par Brandon Graham, qui supervise tout le récit. Graham qui se paie même le luxe de dessiner lui-même un chapitre cinq empli de symboles phalliques et saphiques absolument ahurissants. Je dois rendre hommage à l'encrage de Richard Ballermann sur les deux premiers chapitres, c'est un délice.
Le dernier chapitre est bluffant. Il met en scène un face à face particulièrement intéressant. On y voit un questionnement profond d'un John Prophet conscient de ce qu'il fait ou de ce qu'il va faire.
Bref ça parle de tout, absolument tout et c'est non seulement un chef d'oeuvre du comic mais surtout un chef d'oeuvre de SF d'une portée idéologique et philosophique absolument hallucinante. J'attends les prochains tomes avec impatience. Je conçois que certains dessins peuvent rebuter car de niveau inégal. Privilégiez dans ce cas-là une attention particulière au récit.
Foncez !