Le jour de ses cinquante-six ans, Eva reçoit un cadeau inattendu de la part de sa petite-fille préférée, la plus rêveuse, la plus secrète, Anna-Clara : un journal intime à la couverture ornée d'un chat sous un rosier. Et même si lidée peut paraître ridicule, Eva va alors commencer la rédaction de son journal, nuit après nuit, alors que les autres dorment. Elle pose sur le papier ses souvenirs, ceux d'une enfance aux côtés d'une mère destructrice, une mère qui ne l'aimait pas, une mère qu'elle avoue dès la première page avoir tué. Durant deux mois, Eva va se raconter.
Les oreilles de Buster est le journal intime d'une femme proche de la soixantaine qui revient sur son enfance et son adolescence et surtout sur sa relation avec sa mère. A pas feutrés, on s'invite dans son passé mais aussi son présent, sa famille, ses amis. D'une apparence très lisse de prime abord, le vernis de cette histoire craque petit à petit et on découvre de bien lourds secrets.
Bien évidemment, tel un journal intime, le récit à la première personne ne nous dévoile que ce qu'Eva couche sur le papier. On a le sentiment dêtre privilégié, de pouvoir lire par-dessus son épaule un écrit qu'elle ne destine qu'à elle-même finalement. La langue est riche, imagée et pourtant très fluide. Les mots coulent avec aisance et les pages se tournent jusqu'au point final.
Après, il faut apprécier ce genre de récit, celui d'une femme qui partage ses pensées et sa vie à un rythme lent, très lent, mettant de l'importance dans certains petits détails et survolant à toute allure des événements qu'on aurait aimé plus approfondis.
Finalement, je n'ai pas trouvé beaucoup d'intérêt à l'histoire, peut-être par manque dempathie envers Eva qui m'est apparue comme trop effacée, trop passive. Sans compter le fait de se trouver vieille et quasiment à la fin de sa vie à cinquante-six ans. Quand on en a quarante comme moi, cela a tendance à hérisser le poil.
Le texte est beau mais le tout manque cruellement, à mes yeux, de rythme. Néanmoins, le roman a su trouver son lectorat puisqu'il a reçu deux prix littéraires. A réserver aux amoureux des mots et des introspections sur le thème de l'amour ou plutôt du désamour maternel avec tout ce que cela entraîne comme conséquences sur la construction personnelle.