Les Chroniques de l'Imaginaire

Jeu de pistes - Theroux, Marcel

Damien March travaille de nuit pour la télévision britannique. Il vit seul, a un rythme décalé, voit peu de monde. Aussi, lorsqu'il apprend que son oncle lui a légué dans son testament l'usufruit de sa maison aux Etats-Unis, il n'hésite pas longtemps avant de donner son congé et de poser ses valises de l'autre côté de l'Atlantique.

Mais s'il a droit de vivre dans cette maison perdue sur l'île Ionia, il ne peut pas y faire de modifications. Damien est donc contraint de vivre comme son oncle le faisait, avec un bric-à-brac pour déco. Lui qui aspirait à y passer quelques mois de tranquillité commence à regretter sa décision... pourtant, son intérêt va vite être éveillé. Une famille vit non loin : la mère et la fille sont sourdes. Le fils n'a pas ce souci, et c'est avec lui que va le plus facilement se créer un lien qu'on ne pourrait pas encore qualifier d'amitié. Mais plus intéressant encore, Damien retrouve dans les écrits de son oncle, qui était auteur, un texte qui lui semble être plus qu'une simple histoire. Il est question d'une histoire de meurtre, et sont présentes de nombreuses références à des faits réels. Ce ne peut être une coïncidence : l'oncle Patrick a-t-il laissé un Jeu de pistes à son neveu ?

Ce roman a une particularité à double tranchant : c'est un puzzle. Il est constitué d'une multitude de pièces assez fades et sans intérêt prises seules. Mais une fois que toutes les pièces sont réunies et que le tableau se dévoile sous nos yeux, on ne peut qu'être charmés ! Car Marcel Theroux sème l'air de rien des informations, des indices, qui vont prendre un sens précieux à la toute fin du roman.

Mais pour cela il faut de la patience. J'ai commencé à lire ce roman sans enthousiasme, mais sans y aller à reculons non plus. C'est un roman qui se lit bien. Ce n'est ni bon, ni mauvais. Ça se laisse lire. Mais maintenant que je suis arrivée au bout, je comprends pourquoi ce roman a été primé. Marcel Theroux est un formidable technicien de l'intrigue. Il a su tisser son écheveau sans qu'on ne s'en rende compte, et pour celui qui se donne la peine d'aller jusqu'au bout, le résultat final en vaut vraiment le coup...