L'écrivain juif Marc Sofer est en train de traverser lAzerbaïdjan. Les paysages sont relativement désertiques, et il est clair que les ressources naturelles ont été longtemps pillées par les américains et les russes. A présent, il ne reste que des vestiges d'une gigantesque usine qui a pompé le pétrole du pays durant plusieurs décennies, en pleine guerre froide, pour l'acheminer vers la Russie.
En ce moment, la région est de nouveau un des centres de l'actualité internationale, avec ces attentats qui ont lieu, souvent de nuit, contre les installations des consortiums américains. Ces attentats ont été revendiqués par un groupe appelé Le renouveau Khazar, ce qui a mené Marc Sofer à s'intéresser à ces événements. L'homme s'est vu remettre une amulette khazar, justement, et il a fait le voyage pour en savoir plus.
L'occasion est aussi très belle de connaître l'histoire de cette splendide synagogue cachée dans les montagnes de l'actuelle Géorgie. On peut y voir la naissance d'une histoire d'amour entre Isaac, un messager juif, et la khatum Attex, splendide jeune femme qui refuse d'épouser un haut seigneur grec, et qui préfère fuir le courroux de son frère, Joseph. Isaac sait que Attex va se rendre chez son oncle, dans la synagogue cachée sous la montagne, et il va tout faire pour s'y rendre, après avoir apporté le message d'un rabbin auprès de Joseph.
Ce second tome de Le vent des Khazars nous fait clairement voyager, à la fois dans différents lieux et dans différentes époques. Un exercice souvent essayé en bande dessinée, mais plus rarement réussi, à cause du manque de lisibilité qui permet de différencier les époques. Ce n'est nullement le cas ici : le dessin de Federico Nardo, tout en détails et en finesse, ne pose aucun souci sur la lisibilité. C'est beau, précis, et les personnages ont des costumes travaillés et documentés qui permettent de traverser ces époques sans la moindre difficulté.
Par ailleurs, les personnages imaginés par Pierre Makyo sont tout à fait crédibles, encore une fois quelle que soit l'époque à laquelle on les croise. Le rythme de ce récit est également très bon et travaillé : aucun temps mort n'est à déplorer, et certaines planches sans bulles permettent d'apprécier tel décor ou telle situation entre personnages, en alternant avec des passages nécessairement bien plus verbeux, dans le bon sens du terme.
Le vent des Khazars est ainsi un diptyque particulièrement appréciable : il n'est encore une fois nul besoin d'être un spécialiste de l'Histoire du judaïsme pour apprécier. Le livre est suffisamment élégant et raffiné au niveau des dessins pour sortir vraiment du lot, et en faire une série tout à fait intéressante à découvrir par le plus grand nombre.