Malgré sa bonne volonté, Edie Burchill, vingt-huit ans, ne s'est jamais très bien entendue avec ses parents. C'est avec sa mère, Meredith, que les relations sont les plus difficiles. Jamais de grandes scènes ou d'hostilité ouverte, mais une froideur, une réserve de tous les instants qu'Edie a du mal à comprendre et à accepter. Ce dimanche, la carapace de Meredith se fissure pour la première fois. Une femme a retrouvé dans son grenier un sac de courrier que son ancêtre facteur avait oublié de distribuer. Avec cinquante ans de retard, une lettre parvient à Meredith Burchill qui va lui faire l'effet d'une bombe à retardement...
Edie assiste médusée à la crise de larmes de sa mère, qui refuse de lui livrer le contenu de la missive. Elle parvient seulement à la faire parler un peu du passé. En 1939, Meredith a été évacuée de Londres avec des dizaines d'autres enfants et placée chez une riche famille du Kent. Dans leur château de Milderhurst, elle a vécu une expérience qui semble avoir marquée la petite fille qu'elle était.
Meredith n'en dira pas plus à sa fille, mais Edie n'en peut plus des secrets. Elle veut savoir qui est sa mère, ce qu'elle a vécu, ce qui l'a rendue tellement froide et inaccessible. Elle décide de se rendre dans le Kent pour enquêter sur le passé de Meredith.
Ce secret et ses ramifications sont au centre des Heures lointaines. On suit Edie, une jeune éditrice amoureuse des livres, sur les traces du passé et de la vérité de sa mère. Ses pas l'amèneront entre les murs du château de Milderhurst, plein de cachettes, de recoins et de mystères. Y vivent encore trois surs au passé trouble qui n'ont jamais quitté ses murs. Kate Morton sème de petits cailloux blancs au fil des pages, qui sont autant d'indices amenant au dénouement. Je m'attendais une conclusion plus vertigineuse, mais l'auteur a pris le parti du vraisemblable, et c'est cohérent et réussi.
Kate Morton excelle pour créer une ambiance qui frôle celle des romans gothiques dont Edie, son personnage principal, est si friande. On savoure le mystère et le romantisme qui se dégagent de chaque page. Ses protagonistes, avec leur vie brisée et leurs illusions déçues, sont attachants et ne manquent pas de crédibilité. J'ai aimé les huis-clos familiaux oppressants que dépeint l'auteur, celui des filles Milderhurst, très dramatique, et celui des Burchill, plus courant et très parlant.
Ce roman-fleuve suit un rythme très lent - il m'a fallu une petite centaine de pages pour accrocher - mais le lecteur persévérant sera récompensé par une intrigue fine et intelligente qui fait la part belle au cheminement psychologique des personnages. Les heures lointaines vaut également le détour pour son ambiance prenante.
En bref, un gros pavé à découvrir qui vous fera passer d'agréables heures de lecture !