Les Chroniques de l'Imaginaire

La somnambule - Michaka, Stéphane & McCloy, Helen & Thouard, Jean-Louis

Nous sommes à Boston, dans le Massachusetts, dans les années 70. Marian Tansey est une jolie femme célibataire, et elle se rend dans une concession pour y faire l'acquisition, sans la moindre pièce d'identité, d'une superbe décapotable blanche, en parfait état. C'est grâce à Dick Lang, un séduisant vendeur, qu'elle parvient à faire cet achat qui va lui permettre de quitter Boston lors des week-ends, en compagnie de Ralph, son chien.

Mais tout n'est pas si rose pour la jeune femme : après une nuit tranquille, elle se rend compte que quelqu'un a utilisé son véhicule durant la nuit : les sièges et le cendrier sont parsemés de mégots de cigarettes à filtres, et la radio hurlante au démarrage n'est qu'un autre indice... Dans son immeuble, Marian connaît bien des gens, à commencer par Ruth qui est aussi la femme qui lui a trouvé un travail, lorsqu'elle était sans ressource.
Car Marian a tout de même une particularité : elle ne se souvient plus de sa vie au-delà des deux dernières années. Certains flashs reviennent ainsi, notamment la nuit, mais il est impossible de savoir ce qui s'est passé jusqu'à cet éveil à un arrêt de métro, et la rencontre avec Ruth. D'ailleurs, c'est Rebecca Shelby, une actrice ratée et cleptomane, qui a maintenant besoin du coup de pouce de Ruth. Pourtant, sa première rencontre avec Marian a été pour le moins tumultueuse...

D'autres personnages viennent bien évidemment enrichir ce one-shot de la collection Rivages/Casterman/Noir de Casterman. La somnambule est ainsi à l'origine un roman d'Helen McCloy sorti en 1974, comme tous les livres de cette collection qui comprend quelques pépites (comme Shutter Island, ou encore Sur les quais...). C'est Jean-Louis Thouard au dessin, et Stéphane Michaka au scénario qui ont repris ce roman.

Graphiquement, tout d'abord, nous sommes dans une ambiance totalement pulp, avec tantôt une colorisation très pop, tirée des comics Artima de notre jeunesse, et tantôt de grands aplats noirs, qui soulignent à merveille une ambiance volontairement glauque. Le trait, également très noir, est haché, assez grossier dans certaines cases, notamment lors des cauchemars de la jeune Marian, qui permettent d'entrevoir de plus en plus son ancienne vie.
Le récit est quant à lui pourvu d'un bon rythme : il se passe toujours quelque chose, et cette Marian n'a pas beaucoup de repos, comme le laisse présager le titre de cette histoire. Titre qui est d'ailleurs sans doute un peu trop révélateur, par rapport à ce qui se passe dans ce livre.

Une histoire plutôt réussie et agréable donc, tirant vers le polar : de quoi passer un bon moment de lecture, sans pour autant que le livre se hisse au niveau des autres œuvres de la même collection, citées précédemment.