Cest la première fois que je lis un polar canadien et jai été immédiatement séduite.
Linspecteur chef Armand Gamache et sa femme Reine-Marie arrivent au Manoir Bellechassse, une auberge construite en rondins dans la forêt, au bord dun lac. Ils y viennent chaque année fêter leur anniversaire de mariage, et ceci pour la trente-cinquième fois. Madame Dubois, la patronne leur annonce quil ne restait que la petite chambre de la forêt, car cette année, la famille Morrow est venue avec un mois davance pour leur réunion annuelle. Armand et sa femme sont très heureux de se retrouver dans cette belle nature québécoise et se soucient peu de leur chambre, ils retrouvent leurs habitudes estivales avec joie. Madame Dubois est très discrète et les autres clients ignorent quArmand est policier.
La famille Morrow est plutôt antipathique, il sagit de riches industriels venus fêter le patriarche. Il y a la mère et le beau-père, très âgés, trois des quatre enfants qui frisent la soixantaine et Bean, le petit enfant de neuf ans. Les Morrow et les Gamache se voient seulement aux repas et dans la soirée. Une statue de Charles Morrow va être érigée dans le jardin, sa famille ayant autrefois participé à la construction du manoir. Les Morrow ont chacun leur personnalité, mais à part Julia, ils sont peu sympathiques et se trouvent très supérieurs à Armand quils croient être un petit commerçant.
Le service est parfait, assuré par la chef Véronique et Pierre le maître dhôtel, qui encadrent des jeunes en formation. Linauguration de la statue doit avoir lieu le lendemain après larrivée de Spot et de sa femme, présentés par les autres comme les pires de la famille. Les Gamache se demandent ce qui les attend et ils ont finalement la surprise de voir quil sagit en fait de leurs amis Peter et Clara, deux artistes de la région.
La statue est inaugurée en fin daprès-midi et le lendemain matin, une jeune jardinière trouve le cadavre de Julia écrasé par la statue de son père tombé de son socle. Armand et deux de ses collègues prennent alors les choses en main.
Il sagit dun polar très classique à lécriture cinématographique, on a souvent limpression dune écriture destinée à devenir la base dun film. Il y a parfois trop de détails, qui accentuent cette impression de scénario. Les indices sont semés peu à peu et de façon très habile. Même si un des policiers a très vite la bonne intuition, le lecteur suit lenquête avec intérêt. Cest un polar à lancienne, même si lintrigue est contemporaine, Gamache raisonne par déduction, et si des techniques de police moderne sont évoquées, elles ninfluencent pas la progression de lhistoire, qui se déroule tranquillement, linspecteur chef prenant le temps daller à une fête dans un village voisin. Le dénouement est tout à fait inattendu. Le livre nous offre aussi une réflexion intéressante sur léthique et les apparences. On assiste à une sorte de translation. Limage qui se dégage des personnages au début du livre est fausse, Gamache et Bert Finney feront peu à peu émerger leur vérité.
Jai beaucoup aimé ce polar peu violent, avec peu daction, mais une enquête basée sur des déductions et une ambiance de vacances un peu rétro. Une très belle découverte, jespère pouvoir lire dautres enquêtes de ce personnage digne d'Agatha Christie. Jai aussi beaucoup aimé les termes québécois et la belle langue de lauteur, qui écrit en anglais.