Les Chroniques de l'Imaginaire

La Princesse des abysses (Cornelius Shiel - 1) - Mallet, Patrick & Evangelisti, Patrizio

Nous sommes à New-York, en février 1892. Hector Travis est un jeune écrivain qui a écrit son premier roman, Voile Violet, et il fait partie du Peacock Club, un cercle très privé sponsorisé par Miss Brooks, une riche héritière, et qui compte notamment un certain Oscar Wilde parmi ses membres. Le jeune homme n'est pas encore suffisamment pris au sérieux, mais les choses sont sur le point de changer, lorsqu'il reçoit une lettre de Cornélius Shiel, l'individu qui possède la plus grande collection de livres de tout New-York, et que très peu de gens ont pu rencontrer...

Ainsi, un grand mystère entoure ce mystérieux Shiel, et Hector Travis est enfin sur le point de le rencontrer, en se rendant à l'hôtel où il réside dans un étage complet. La rencontre a lieu, de façon bien étrange : Cornélius Shiel est un petit homme blond, et il dit bientôt, le plus sérieusement du monde, être un sorcier. Travis ne le prend pas au sérieux, mais rapidement, un tour de sorcellerie le fait changer d'avis. Rapidement, le jeune écrivain accepte la proposition de Cornélius Shiel, à savoir écouter sa vie et en faire une biographie qui devrait s'arracher chez tous les libraires, avec ce second roman.

Alors, Travis hésite tout de même : il tombe d'ailleurs sur des anges qui lui sauvent la vie, et qui lui demandent d'espionner Shiel. Ce dernier commence à se dévoiler, de façon très étonnante, en annonçant qu'il est né il y a plus de deux siècles. Le jeune Cornélius Shiel est ainsi élevé seul avec son père, et de sévères précepteurs qui s'occupent de son éducation. C'est vers sept ans que le jeune garçon passe avec succès l'épreuve du feu qui le transforme en un sorcier aux grands pouvoirs.

Et il est certain que ce Cornélius Shiel a d'importants pouvoirs ! Mais les sorts qu'on lance ainsi lorsqu'on est sorcier coûtent à chaque fois : soit le sorcier qui lance un sort doit puiser l'énergie dans sa propre âme, ce qui laisse une sensation pour le moins désagréable, soit il faut sacrifier un ou plusieurs êtres environnants, provoquant la mort chez ces derniers. Le nombre de victimes est ainsi fonction de l'importance du sort, et cela, Hector Travis va l'apprendre avec horreur tout au long du récit de Shiel...

C'est Patrick Mallet (Achab, Le long hiver...) qui est au scénario de cette histoire de sorcellerie. La série se veut bien évidemment sérieuse autour de ce sujet, et elle commence par présenter rapidement les principaux protagonistes, principalement Hector Travis et Cornélius Shiel, un peu plus tard. On devine que Miss Brooks tiendra également une place de choix dans la série, même si on ne la voit pas énormément dans ce premier tome. Les personnages présentés sont ainsi parfaitement convaincants, et même carrément crédibles ! Mention spéciale à ce sorcier, Shiel, qui possède un voile de mystères et un charisme parfaitement intéressants.

Et pour ce qui est du charisme, il faut bien évidemment saluer la nouvelle performance graphique de Patrizio Evangelisti, dont j'avais déjà pu admirer l'hallucinant travail sur les trois tomes de Fourmi blanche chez Pavesio. Le dessin est ici encore une fois hallucinant de réalisme et de détails : c'est beau, travaillé, avec des couleurs parfaitement réussies. On se surprend à rester durant de longues minutes sur le détail d'une case, les couleurs d'un ciel, le réalisme des eaux de l'océan...

Car Evangelisti a ici l'occasion de faire montre de son talent sur des endroits variés, entre des décors citadins, ou des planches qui ont lieu dans le grand air du large, n'ayant rien à envier aux meilleures séries de piraterie. Un premier tome très convaincant donc, magnifique sur la forme, et au fond plus que réussi au niveau du récit et du scénario : vite, messieurs, la suite !