Aujourd'hui, ce sont les funérailles de Caitlin Stuart. Tom et Abby, ses parents, sont inconsolables. Elle n'avait que douze ans lors de sa disparition, quatre ans auparavant. La police n'a jamais élucidé les circonstances de son enlèvement, ni retrouvé son corps. C'est donc un cercueil vide qui descend en terre. Tom était contre cette idée - il n'a jamais perdu espoir de retrouver sa fille - mais Abby tient plus que tout à ce simulacre d'inhumation. Elle veut aller de l'avant.
Le couple se déchire. Tom ne comprend pas le besoin d'Abby d'enterrer le passé. Abby veut vivre une nouvelle vie, loin de lui, de leurs souvenirs atroces, au sein de l'église qu'elle a adoptée après le drame et qui est devenue sa nouvelle famille.
Quelques jours après cette épreuve, la police convoque la famille Stuart. Caitlin a refait son apparition. Ce coup du destin va mettre les nerfs du couple à rude épreuve, car l'adolescente sale et apathique qu'est devenue Caitlin leur est totalement étrangère. Qu'est-il arrivé à leur fille ? Qui est responsable de sa disparition ? Pourquoi protège-t-elle son ravisseur et cherche-t-elle, par tous les moyens, à fuir la maison de ses parents ?
Ce thriller nous plonge dès les premières pages au cur de l'action, puisque le drame dont il est question est survenu quatre ans plus tôt. Ce choix temporel est efficace. On évite ainsi les longueurs liées à la description d'un couple perdu dans les affres de la douleur et de la peur après la disparition de leur enfant. Quand commence Fleur de cimetière, on est tout de suite au fait des réactions de chacun : Tom continue à mener l'enquête sur la disparition de sa fille, Abby veut aller de l'avant, le couple, inévitablement, se déchire, on peut donc passer directement à l'enquête.
C'est là où le bât blesse. Le sujet intriguant - la part d'ombre de nos enfants -, élogieusement mis en lumière par la quatrième de couverture, était très prometteur. La manière de le traiter est malheureusement maladroite et très superficielle. Le suspense monte, monte, tout au long du roman, pour retomber comme un soufflé quand arrive finalement un dénouement incohérent et complètement bâclé.
S'agissant d'un thriller psychologique, on était en droit d'attendre de l'auteur qu'il campe des personnages réalistes et fasse en sorte que le lecteur se passionne pour leurs états d'âme et leurs réactions. Au contraire, David Bell propose un univers très manichéen, où le glissement de victime à coupable se fait à l'aide de ficelles si grosses qu'on le voit arriver dès la fin du premier chapitre. Les personnages sont antipathiques, peu crédibles, voire agaçants, Caitlin surtout, et son obstination à cacher l'identité de son ravisseur.
L'écriture n'est pas désagréable. Le style est fluide, les chapitres courts, et la tension se maintient continuellement, ce qui est presque dommage au vu de la déception que constitue le dénouement.
La quatrième de couverture crée beaucoup d'attentes, et c'est désappointée que j'ai refermé ce roman très loin d'être à la hauteur de l'ampleur et de l'originalité de son sujet. C'est ma première déconvenue concernant un roman de l'excellente collection Actes noirs de chez Actes Sud.