Gary Montaigu vient de voir son dernier roman récompensé par l'International Book Prize. La soirée de remise de prix se déroule comme dans un songe. Pour Gary, cette récompense sonne comme un accomplissement, et la promesse d'une libération. Il souhaite désormais donner à son uvre une orientation plus littéraire, plus expérimentale. Mais son épouse, qui régente sa carrière et sa vie, voit les choses d'un autre il. Pour elle, Gary doit au contraire tout donner à ses lecteurs et rendre ses écrits plus populaires. Ses conseils empressés contraignent Gary à accepter de participer à Un écrivain, un vrai, une émission de téléréalité qui va mettre en scène son travail de romancier.
Les caméras s'installent donc chez les Montaigu, vingt quatre heures sur vingt quatre, et filment le quotidien du couple. Ce qu'écrit Gary est chaque jour soumis aux votes des téléspectateurs sous la forme d'un court téléfilm. Le romancier, au départ curieux de voir l'impact que cette entreprise pourrait avoir sur son uvre et prêt à se soumettre à cette forme d'écriture participative, a de plus en plus de difficulté à supporter les caméras et la médiocrité des commentaires des téléspectateurs. D'autant que la production, pour booster l'audimat, joue sur la propension de Gary à l'infidélité et introduit dans la maison une jeune et jolie journaliste qui ne tarde pas à tomber amoureuse de l'écrivain.
La narration du roman se divise en deux parties : tantôt on découvre le quotidien de Gary pendant l'émission de téléréalité, tantôt on le retrouve quelques mois plus tard, alors qu'il a été victime d'un accident et qu'il refuse obstinément, malgré les pressions de sa femme, de reprendre le tournage de Un écrivain, un vrai.
La lecture de ce livre me laisse partagée. Le sujet est vraiment intéressant - la place de la littérature dans notre société dominée par l'image, la facilité et l'immédiateté dans l'accès à l'information et aux produits culturels. Malheureusement, son traitement m'a déplu.
Les sempiternelles plaintes et interrogations de Gary Montaigu, alors qu'il ne fait rien pour se sortir de situations personnelles et professionnelles qui l'entravent, deviennent rapidement lassantes. Je n'ai ressenti aucune empathie pour ce personnage, pas plus que pour sa femme, ses amantes, son agent ou son producteur. Au contraire, tous ces protagonistes auto-centrés m'ont vraiment agacée.
Par ailleurs, la temporalité est assez peu marquée et j'ai eu des difficultés à entrer dans les passages qui se déroulent après l'arrêt de l'émission, d'autant qu'ils sont narrés par un personnage dont on ignore tout pendant de nombreux chapitres.
Néanmoins, il faut reconnaître à Pia Petersen un vrai style, une belle plume, et une réelle implication dans son sujet. J'ai lu de nombreuses critiques positives à son encontre, même si je ne partage l'avis d'aucune d'entre elles. J'ai trouvé ce texte bavard et maladroit dans le sens où il dessert son propos. L'élitisme littéraire suinte de ces pages et il me semble que ce n'est pas la manière la plus adéquate pour encourager un large public à aller vers une littérature de qualité.
Cet avis n'engageant évidemment que moi, je vous encourage à découvrir ce livre et cette auteur pour vous faire votre propre opinion.
