Les Chroniques de l'Imaginaire

Les amants de l'Oisans - Moriquand, Nelly & Lacaf, Fabien

Nous sommes dans les Alpes, en 1927. C'est l’effervescence parmi les montagnards de la Bérarde : on fête aujourd'hui les cinquante ans de la première équipée à avoir réussi à gravir la Meije, l'un des sommets les plus hauts des Alpes. Alors, une équipe de marcheurs locaux, émérites, part dans les pas des aïeuls. C'est une vraie fierté dans le coin, d'autant que les grands sommets des Alpes ont bien souvent été gravi en premier lieu par des anglais. La randonnée se passe plutôt bien, jusqu'à la chute sans gravité d'un randonneur, qui se retrouve nez à nez avec un jeune homme pris dans la glace, parfaitement conservé...

Quel choc pour cette équipée, qui parvient à prendre le sac encore congelé du défunt. Il s'agit là d'un jeune anglais, Edward Trevor, ancien fiancé de mademoiselle Louise, l'institutrice du village. Une dame aujourd'hui très âgée, qui va elle même se retrouver confrontée à son passé et à toutes ces années d'attente. Tout a été noté par Trevor dans son carnet, que la vieille institutrice ne peut s'empêcher de dévorer à présent...

Cela s'est passé il y a cinquante ans, justement, lorsque l'on parlait d'arriver les premiers au sommet de la Meije. Trevor est ainsi venu dans la vallée de l'Oisans deux étés de suite, pour y retrouver le sommet à franchir, mais également pour y revoir Louise, charmante jeune femme qui a mis son cœur de côté durant toute une année pour attendre son amant anglais. Trevor avait promis à Louise de ne pas faire partie de l'expédition qui est allé sur la Meije par le Sud. Mais le jeune homme a changé d'avis et, seul, de nuit, il a tenté de rejoindre les quatre premiers aventuriers...

Les Amants de l'Oisans est un one-shot à paraître chez Glénat, qui tombe à point nommé pour tous les amoureux de la haute montagne. Le récit se déroule à deux époque, entre 1927 d'une part, et 1877 avec des protagonistes bien plus jeunes. Nous n'en sommes qu'aux débuts de l'alpinisme à l'époque, avec des équipements bien rudimentaires par rapport à ce qu'il est possible de se procurer de nos jours.

Le récit de Nelly Moriquand fait ainsi la part belle à une triste histoire d'amour qui a été malheureusement tuée dans l’œuf à cause de la montagne, et des décors somptueux, que le dessinateur Fabien Lacaf parvient à faire transparaître avec ses dessins et ses couleurs pastels de bien bel effet.

Ce one-shot aura peut-être un peu de mal à se trouver un large public, de par son classicisme certain. Sa production un peu décalée fait pourtant plaisir à voir, sans pour autant parler de vraie originalité. La cible n'est après tout peut-être pas si petite que cela, lorsqu'on voit les foules qui partent à l'assaut des Alpes ou autres montagnes françaises, et cela en été comme en hiver.

En bref, une lecture bien agréable même si elle n'est pas révolutionnaire, et c'est déjà ça de pris !