Mattie n'a eu qu'un fils, Basil, et il est le centre de son monde.
Etta Mae est l'une de ses amies les plus proches. Elle n'est plus toute jeune, ce qui ne l'empêche pas d'être charmante et d'user à dessein de son pouvoir sur les hommes.
Kiswana refuse qu'on l'appelle par son nom de baptême - Mélanie. Issue d'une famille aisée, elle désire gagner elle-même sa vie et défendre les droits des Noirs.
Une douloureuse épreuve force Lucielia à faire face à un chagrin plus grand qu'elle, et Mattie se donnera beaucoup de mal pour tenter de l'en sortir.
Depuis sa plus tendre enfance, Cora adore les poupées, au point de n'accepter aucun autre cadeau à Noël et à ses anniversaires. Devenue jeune femme, cette obsession va lui compliquer la vie.
Lorraine et Tee sont des voisines exemplaires, mais ont des difficultés à faire accepter leur mode de vie.
Elles, ce sont les femmes de Brewster Place, un quartier défavorisé du nord-est des États-Unis.
Les éditions Belfond rééditent aujourd'hui dans leur collection [Vintage] ce roman récompensé par le National Book Award en 1983 et popularisé par l'adaptation télévisée qu'en fit Oprah Winfrey en 1989.
J'ai adoré ce livre qui se lit comme un recueil de nouvelles - une pour chaque personnage - et commence par l'arrivée de Mattie Michael à Brewster Place. Cette vieille femme ruinée et désabusée par une vie difficile va servir de lien pour la suite du roman. Lien entre les personnages qu'elle va aider d'une manière à chaque fois différente, et lien dans la narration, puisque elle - et le quartier de Brewster Place - sont les seuls points communs entre ces protagonistes que tout semble opposer.
Malgré ce découpage - chaque chapitre porte le nom d'un personnage, sauf Aube et Crépuscule, désignant joliment le prologue et l'épilogue -, Les femmes de Brewster Place possède la construction solide et cohérente d'un grand roman. La manière dont les histoires de ces sept femmes se recoupent et s'imbriquent est un régal à découvrir.
Le style de Gloria Naylor, pudique, précis, sensible et plein de finesse, décrit avec une économie de mots les aspirations et les difficultés de toute une génération d'Afro-américaines, mais parlera à toutes les femmes - ainsi qu'à, je l'espère, de nombreux hommes. Le dénouement, assez dur, est là pour rappeler que la bêtise et la méchanceté humaines se défient de la couleur de peau.
Les femmes de Brewster Place est un roman plein d'humanité à découvrir absolument. Si vous avez apprécié La couleur des sentiments de Kathryn Stockett (2010, éditions Jacqueline Chambon), vous adorerez le roman de Gloria Naylor. On y trouve la même humanité, la même ironie subtile et bienveillante, mais aussi une intrigue plus réaliste et - ce n'est que mon avis - une qualité littéraire bien supérieure.
Merci aux éditions Belfond pour la réédition de ce court, mais grand roman, qui mérite sa place dans la bibliothèque de tous les amoureux de littérature américaine.