C'est dans une prison tashkite, une prison de son propre pays, que se retrouve maintenant Chamza, la riche héritière que bien des agents s'échinent à poursuivre, afin de connaître enfin l'origine de cet héritage maternel. Même le président tashkite, père de Chamza, ignore purement et simplement quelles en sont les origines. Depuis quelques temps, l'homme est particulièrement troublé de voir que son ancienne épouse a eu une relation avec Haddad, le banquier d'Al Qaida, peu de temps avant que Chamza ne vienne au monde...
A présent, la belle souffre, entre les mains de geôlières parfaitement inhumaines, qui lui font connaître les pires sévices, jouant entre la peur, la faim et le froid. Chamza se sent seule, jusqu'à ce qu'elle apprenne à connaître une autre prisonnière, muette, qui prend des cours de chinois par le biais du seul ordinateur de la prison, et qui parvient à retranscrire des bribes de phrases grâce au matériel électronique adéquat de cette époque légèrement futuriste.
Lindsey, elle, se rend à Shanghai. C'est avec stupeur qu'elle découvre qu'un jeune garçon en fauteuil roulant espionne avec toute sa famille ce que vit Chamza. Ce génie de l'informatique a réussi à pirater la ligne pourtant hautement sécurisée depuis quelques temps, et il souhaite absolument venir en aide à Chamza, en passant par une pensionnaire muette qui a accès à un ordinateur : le relais parfait pour communiquer discrètement avec celle que le Pentagone espionne en temps réel depuis déjà plusieurs mois...
Et la tension monte encore d'un cran dans ce quatrième tome, qui reste bien heureusement toujours aussi bon et haletant ! On souffre en silence avec Chamza lorsqu'on l'accompagne dans ses sévices, et dans la découverte de qui se cache réellement derrière le président tashkite. On tombe des nues avec Lindsay, à l'autre bout du monde, lorsqu'on apprend les avancées énormes faites par un petit génie de l'informatique.
En bref, on est littéralement transportés encore une fois dans ce qui se fait de mieux en ce moment comme thriller psychologique et politique ! Exit les dizaines de séries télévisées de bas étage, ou les mauvais films traitant de ce genre de sujet, et qui se comptent par dizaines chaque année. Tout d'abord, le scénario de Thierry Smolderen est ici tout simplement génial... Et je pèse le mot... Il se passe des choses intéressantes, des scènes qui ont un lien, une toile qui se tisse, à chaque nouvelle planche. Impossible évidemment de lâcher le tome dans ces conditions.
Graphiquement, là encore, c'est une véritable claque. Les personnages de Dominique Bertail sont soignés, crédibles, charismatiques à souhait. Leurs expressions, leurs silhouettes sont toutes à l'avenant. L'ensemble est détaillé, d'un grand réalisme, et pour autant le mouvement est omniprésent. On se demande même si les personnages ne bougent pas par moment ! Aucune case n'est laissée au hasard dans ce quatrième tome, comme dans les trois précédents au demeurant. Et que dire encore des décors et des architectures... Dans le froid polaire, ou dans une piscine futuriste, tout est hallucinant de travail et de réalisme.
Ce quatrième tome confirme la qualité de cette série, s'il était encore permis d'avoir un quelconque doute. Une série à côté de laquelle il est proprement impensable de passer, sous peine de poursuites par la CIA !