Magda vient d'apprendre qu'elle est enceinte. Elle a trente ans passés, des questions plein la tête et un compagnon aussi compliqué qu'elle. Elle ne sait quoi penser de cette nouvelle ni quelle direction donner à son couple et à sa vie. Elle décide alors de traverser le Maroc pour rejoindre Nour et tenter d'y voir plus clair. En chemin, une jeune femme croise sa route. Elle sort de l'océan, elle a du sang sur les mains, elle ne parle pas et va s'attacher aux pas de Magda...
Cette bande dessinée est esthétiquement splendide mais assez difficile à aborder. Son message est complexe, voire obscur, et je suis contrariée car malgré mon intérêt et ma concentration, je pense être passée à côté de ce qui fait sa substance. J'ai interprété Sirène comme une déclaration d'amour de Magda à l'enfant qu'elle porte, qu'elle décide ou non de le garder. La maternité semble être au cur de cet ouvrage, avec toutes les questions qu'elle soulève et les bouleversements qu'elle fait naître dans la vie d'une femme.
Le personnage de la jeune femme qui vient à Magda en sortant des eaux, le fait qu'elle soit muette, l'ancien métier de Magda (elle était chanteuse) ainsi que le titre de la bande dessinée sont autant de référence au célèbre conte d'Andersen, mais même en creusant, je n'ai pas trouvé d'autre lien, ce qui me tracasse car j'aurais aimé comprendre pourquoi Daphné Collignon a choisi ce parallèle.
Une chose est sûre, cette uvre n'est pas ludique. Elle émeut, elle interroge, et malgré une narration linéaire, on ne cesse de se creuser les méninges pour comprendre le sens de certains phylactères, beaux tout autant qu'obscurs.
Côté graphisme, je me répète, mais Sirène est une vraie merveille, tant au niveau du découpage que du choix des couleurs. Tout est soigné et magnifique à regarder : les expressions des personnages, les décors, l'intégration du texte aux images... Les planches où Magda rêve, en particulier, sont un véritable régal pour l'esprit et pour les yeux.
En résumé, cette uvre pleine de poésie et de sens cachés m'a séduite, en dépit de - ou grâce à - son côté intriguant.
