Nous sommes en 1500 du calendrier chrétien. Huayna Capac est l'empereur inca, et il continue sa route, asservissant les éventuels opposants au prix de nombreuses guerres et de nombreux morts. Mais le plus mauvais des présages apparaît, lorsqu'un serpent sort des entrailles d'un mort qui se trouve devant lui. Un messager arrive bientôt de Cuzco, annonçant que des hommes blancs sont sur le point d'arriver par la mer...
En 1509 à présent, c'est un bébé qui est retrouvé sur le lac Titicaca par une jolie accla, une femme vierge de la lune. La fille en question n'a pas le cur de laisser l'enfant trouvé dans les flots comme Moïse, et elle finit par l'emmener au couvent. Le garçon a un serpent tatoué dans le cou, ce qui lui vaudra le prénom d'Amaru. Bien des gens lui prédisent maintenant un grand destin, même s'il est remis à une modeste famille vivant sur une habitation flottante, sur le lac Titicaca.
Amaru a bien grandi et, comme toute sa famille adoptive, il doit se rendre à Huanuco Pampa, seconde ville la plus importante après Cuzco. Le chemin est long et harassant jusque là, et bien des membres de la famille d'Amaru ne survivront pas à un tel voyage à pied. Mais le garçon finit par arriver à destination, où il est vite la risée des enfants de son âge. Amaru n'a rien de social, et préfère nettement la nature et la compagnie des animaux...
Mais cela risque vite de ne pas avoir beaucoup d'importance. L'empereur ordonne que l'on tue une sélection d'enfants de dix à douze ans en l'honneur des dieux des montagnes. Amaru et sa meilleure amie font partie des enfants qui devront aller à Corichanca, le temple du soleil où ils devront être exécutés...
Nous en sommes au premier tome de ce Inca, sur les cinq que devrait compter la série. La préface de Patrick Poivre D'Arvor laisse ici augurer d'un tome qui misera beaucoup sur l'Histoire avant tout. Cela se révèle vite vrai, mais en partie seulement, car les personnages comme Amaru restent bien fictifs. C'est Bollée qui scénarise la série avec Laurent Granier, après avoir travaillé dernièrement sur des séries comme L'Ultime Chimère chez le même éditeur, ou encore sur le plus récent Terra Australis.
Ainsi, le scénariste nous propose de suivre à la fois l'avènement de l'empereur inca, la destinée de ce petit garçon au mystérieux tatouage dans le cou, et l'arrivée des espagnols, qui ont fait le voyage pour la conquête de l'or, pour le compte du roi d'Espagne. L'occasion est aussi belle pour rappeler les ravages dus à la vérole notamment, qui a décimé les incas par milliers, et qui a permis le pillage des richesses du pays par des espagnols comme Pizzaro.
Au niveau du récit, on a ici encore du mal à savoir où les auteurs veulent nous mener : quelque chose de réaliste, ou une série qui se veut plutôt voguant sur les mystères de ce peuple ? Un peu comme dans les deux tomes de Conquistador, scénarisés par Jean Dufaux ?
Au niveau graphique, c'est assez haché et inégal. J'avais beaucoup aimé l'intégrale en noir et blanc de la série Le rêve de Jérusalem, qui était pleine de force et de mouvements. Ici, la couleur me gêne un peu, et le trait volontairement haché rend les expressions de certains personnages difficiles à déchiffrer. Dommage car les décors et paysages sont quant à eux plutôt réussis. Je conserve une préférence pour le dessin plus réaliste et plus fin de Philippe Xavier sur Conquistador, qui se prête à mon avis mieux à ces ambiances.
Un premier tome qui reste intéressant toutefois, mais dont le traitement narratif nous laisse encore pantois. Il va falloir attendre le tome suivant pour que le véritable envol soit pris, en gommant quelques petits défauts graphiques. A suivre donc...