Les Chroniques de l'Imaginaire

Les flammes de l'immolé (Le cycle d'Ardalia - 3) - Spade, Alan

Un krongos, deux krongos, une dizaine de krongos... Une malian, et une deuxième. Des Cavaliers montés sur des Algams. Des personnages aux races étranges, pourtant si proches de nous, voilà ce qu'Alan Spade nous propose avec le troisième tome du Cycle d'Ardalia.

La guerre fait rage aux Portes des Canyons. L'armée hevelen s'oppose comme elle peut aux forces de Valshhyk, le dieu immolé.

Qu'est-ce qu'un hevelen ? C'est un être proche de l'humain, avec trois narines et quatre doigts à chaque main et pied. Pelmen est l'un d'entre eux. Son destin était tout tracé. Né déshérité, il ne pouvait espérer exercer un autre métier que celui de tanneur, comme son père. C'était sans compter sur la chance et la ténacité de notre jeune ami. Son combat pour sauver son meilleur ami en fera un Cavalier. Excusez du peu, il deviendra même le chef des hevelens chevaucheurs d'oiseaux sacrés. En tant que tel, il devra prendre seul de difficiles décisions qui pourront influer sur l'avenir de tout un monde.

Xuven, son oncle, soutien principal de Pelmen au début de sa quête, s'en est allé suivre un autre chemin. Il est devenu le nouvel Aguerri de la caste des magiciens. Bien qu'il ait détrôné l'ancien Thaumaturge à la loyale, de nombres détracteurs s'opposent encore à lui. Et les intrigues de cour l'attendent de pied ferme, au Sanctuaire des Dix.

Elisan-Finella et Lominan fuient leur cité de Belenia. Elles retrouvent au bas de la cité d'autres malians qui n'approuvent pas les décisions prises par leur peuple. Étape une : renverser le gouvernement corrompu. Étape deux : recréer des liens avec les autres habitants d'Ardalia. Elisan-Finella et Lominan partiront donc vers les Cimes Glacées en compagnie des krongos. Lominan râle bien un peu, pour la forme. Mais son moral et son énergie sont meilleurs que jamais. Aurait-elle changé ?

Les péripéties se croisent et ne se ressemblent pas dans Les flammes de l'immolé. Pourtant, l'immersion dans ce monde si riche est diablement difficile. Parlons d'abord de la couverture : agressive, peu ragoutante, elle n'est, à notre avis, pas à la hauteur de l'élégance des précédentes illustrations de Thibaut Desio. L'envie est forte de planquer le livre dans une fourre en lin brodée par grand-maman, plutôt que de subir le regard horrifié et désapprobateur d'une mère couvant sa progéniture dans les transports en commun. Alan Spade a bien tenté de nous donner un coup de plume avec son résumé introductif. Trop dense, ce dernier nous embrouille le cerveau avec des noms, des détails insignifiants, des explications alambiquées. Bref, raconter tous les plus infimes rebondissements de deux tomes bien remplis en seulement cinq pages n'était peut-être pas l'idée du siècle. Après ça, l'entrée dans le roman en tant que tel se fait à reculons.

Mais nous avions oublié que nous avions sous les yeux le meilleur roman de fantasy autopublié de ces dernières années. Personnages on ne peut plus attachants, rythme narratif soutenu, rebondissements à foison, on est (re)conquis dès la cinquantième page, à nouveau embarqué corps et biens dans le monde d'Ardalia. On repart suivre le vent ou reprendre des forces dans les bassins d'eau turquoise, comme dans les précédents opus. En y ajoutant une pincée de magie de la terre.

D'autant qu'Alan Spade ne tombe pas dans le piège du tout beau tout gentil. C'est la guerre, et des gens meurent, personnages principaux compris (suspense...) ! Un peu comme dans la vie, en somme. Mais en mieux.