Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan, épouse Françoise de Rochechouart de Mortemart huit jours après leur rencontre. Le coup de foudre entre les deux jeunes gens est réciproque. Mais ce mariage que la passion anime est entaché par le train de vie du couple. La rente annuelle versée par les parents de Louis-Henri ne suffit pas. Souvent au bord de la faillite, le marquis de Montespan n'a pourtant pas le droit de travailler. Les affaires et le commerce intérieur lui sont interdits. Un exploit guerrier est la seule manière glorieuse d'amnistier les fautes de sa famille auprès du roi Louis XIV. Il s'endette pour équiper sa troupe afin de participer au siège d'une cité rebelle de Loraine. Il sait qu'il a là l'unique occasion de montrer sa bravoure et d'espérer, s'il nest pas tué, quelques largesses financières de Sa Majesté. De retour sans distinctions, il doit emprunter encore de l'argent pour remplacer ses hommes et repartir dans la campagne contre les Barbaresques. Mais l'armée française est rejetée à la mer. Encore une fois, Montespan rentre en France non couvert d'honneurs mais de honte et de dettes.
Pendant son absence, Françoise sacrifie à la mode Antique qui est du dernier chic pour s'appeler Athénaïs. Elle continue aussi à fréquenter les salons de la société du Marais. Son bel esprit, remarqué par la duchesse de Montausier, lui permet d'obtenir une place de dame d'honneur à la cour. Le marquis de Montespan est heureux de cette position digne de la noblesse d'Athénaïs qui va soulager leurs finances des nombreuses dettes contractées.
Mais de retour des frontières espagnoles, après onze mois d'absence, Louis-Henri découvre son épouse grosse. Il apprend de la bouche d'Athénaïs qu'aux désirs du Roi-Soleil, nul ne peut se dérober. Contrairement aux usages qui voudraient que le mari trompé se réjouisse de sa bonne fortune grâce à sa femme, favorite du roi, Louis-Henri ne l'est pas du tout. Le marquis de Montespan va tout mettre en oeuvre pour récupérer l'amour de sa vie, n'hésitant pas à faire de l'ombre au Roi-Soleil en déclarant sa haine pour cet homme qui ose profaner cette union sacrée. Louis-Henri élaborera des stratagèmes pour récupérer Françoise ; refusant les honneurs, indifférent aux menaces, il n'aura de cesse de souligner sa guerre impitoyable contre l'homme le plus puissant d'Europe.
Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan, était un homme en avance sur son temps qui ne cessera toute sa vie de harceler le Roi-Soleil. Il restera dans l'Histoire le seul et unique mari, dans la longue liste des maîtresses de Louis XIV, à se révolter contre le pouvoir royal. Le marquis étonne par son audace : il transforme sa berline, la peint en noir et la rehausse aux quatre coins d'andouillers, il corrige son blason pour y ajouter ses nouveaux attributs et procède par une cérémonie à l'enterrement de son amour. Toutes ses actions clameront toujours haut et fort l'amour profond et sincère qu'il a pour son épouse, ne désespérant pas de son retour prochain.
Nul autre que Jean Teulé ne pouvait conter les mésaventures de ce mari aimant et trompé. Alors que l'Histoire n'a retenu que les charmes de la Montespan, le marquis, grâce à l'auteur, se pose en héros enfin réhabilité. Jean Teulé pointe avec humour et ironie l'ignominie des nobles en décrivant cette société du paraître. Une mésaventure racontée tout en finesse tant le conteur sait emporter son lecteur dans son univers où même le mauvais revêt les beaux habits de la poésie.
Jean Teulé a l'art de conter les histoires. Qu'elles soient cruelles ou charmantes, il sait choisir ses mots pour donner un ton, un rythme, une poésie à ses compositions en créant son style inimitable et savoureux.
Le Montespan a reçu, en 2008, le Grand Prix Palatine du roman historique, le prix Maison de la Presse et le prix de l'Académie Rabelais.