Les Chroniques de l'Imaginaire

La foire aux gangsters (Spirou et Fantasio - 4) - Franquin, André & Franquin, André & Jidéhem

Un mystérieux individu asiatique marche dans la rue, en portant une rose. L'homme, de petite taille, semble bien inoffensif. C'est peut-être pour cela qu'il est brusquement attaqué par deux grands gaillards qui l'entraînent dans une ruelle ? Toujours est-il que le petit homme parvient en un instant à maîtriser les assaillants. C'est maintenant chez Spirou que l'homme se rend. Il reste parfaitement silencieux et attaque tout simplement notre groom favori, avec des prises de judo.

Même Fantasio perd ses moyens devant ce bien énigmatique personnage, et il faut l'intervention musclée du marsupilami pour qu'enfin cette comédie cesse ! L'homme n'a en réalité aucune mauvaise intention. Il se nomme Soto Kiki, et s'il est là, c'est pour confier une mission à Spirou. Soto Kiki est le garde du corps de John P. Nut, un riche industriel ayant fait fortune dans le pétrole. L'homme vient prochainement en voyage en Europe, et il craint la bande d'un gangster appelé Lucky Caspiano.

Et pour cause : la bande en question finit par kidnapper le bébé de John P. Nut. Spirou, qui a pris des cours de judo avec Soto Kiki, doit se rendre à la fête foraine qui a lieu en ville, au niveau d'un stand de boxeurs. C'est là que le gang de Lucky Caspiano réside, et c'est donc là qu'il y a le plus de chances de retrouver le bébé enlevé. Spirou arrive sur les lieux pour prendre la température incognito, mais il y rencontre... Gaston Lagaffe ! Adieu la discrétion devant cet individu à la bêtise légendaire !

La foire aux gangsters est ainsi une excellente aventure de Spirou, initialement parue en 1959 à la suite du Nid des marsupilamis. L'aventure fait écho à l'exposition universelle de Bruxelles en 1958, et il fallait bien cette luxueuse réédition pour lui rendre un vibrant hommage. Franquin adore dessiner les fêtes foraines, avec les ambiances associées, et cela se voit ici ! Par ailleurs, le maître s'est associé à l'époque avec un certain Jidéhem : un artiste aujourd'hui bien connu, qui s'est surtout chargé des voitures et des très beaux décors dans La foire aux gangsters.

L'aventure racontée ici est encore totalement crédible, et pourrait presque encore sortir de nos jours sans rougir : l'histoire se lit quel que soit votre âge, montrant encore une fois tout le génie de Franquin. Cette réédition est agrémentée, comme toujours, de commentaires sur chacune des planches encrées de l'album : un véritable trésor là encore, où on apprend que que l'artiste de l'Atomium n'a pas apprécié ce dessin de Gaston qui a repeint toutes les boules à son effigie.

La foire aux gangsters est donc non seulement une très belle réédition d'une aventure méconnue et pourtant excellente, mais également un petit devoir de mémoire que tout collectionneur de la maison Dupuis ne peut que posséder !