Les Chroniques de l'Imaginaire

Confession d'un tueur à gages - Ma, Xiaoquan

Chu Xialong (Petit dragon) raconte sa courte mais intense vie depuis une cellule de prison. Il est né en Chine en 1976, dans un village. Il vit avec sa grand-mère chiffonnière, il aimerait l’aider, mais elle refuse, elle tient à ce qu’il aille à l’école et étudie. Il est très bon en littérature et a gagné plusieurs fois le prix de rédaction de son collège, mais il a des difficultés en mathématiques. Un jour d’hiver, il rentre à la maison et trouve sa grand-mère morte dans son lit. Il est désormais orphelin, il ne sait rien de ses parents et n’a personne sur qui compter. Il décide de gagner le chef lieu de la province.

Il doit se débrouiller tout seul alors qu’il n’a que seize ans. Il vole un poignard à un marchand et rencontre Hu Tou (Tête de tigre), un jeune de son âge membre d’un gang. Ils deviennent les meilleurs amis du monde et Chu Xialong, (souvent appelé Long) devient rapidement un délinquant redoutable. Comme il ne désire pas intégrer le gang pour garder son indépendance, il devient tueur à gages ou bourreau au service des gangs. Il dit avoir tué de très nombreuses personnes, mais il se veut un tueur avec des principes et ne tue que si la victime mérite d’être punie. Il raconte certains de ses crimes dans sa confession. Certaines scènes sont très violentes, en particulier un viol commis avec un bâton.

Long vit aussi un grand amour avec Su Li, une serveuse. Avec Hu Tou, elle devient la famille de substitution de Long.

Je ne peux pas entrer plus avant dans ce court récit pour ne pas déflorer le suspense. Il nous donne une vision noire, et sans doute très réaliste de la Chine au tournant du siècle. La vie humaine n’y a aucune valeur, que ce soit pour les criminels ou pour les dirigeants, du moins la vie des pauvres gens, la police est corrompue. Long est un tueur hyper violent, mais l’auteur arrive à nous le rendre sympathique et humain. On découvre au milieu du livre qu’il est avant tout une victime du système et il paiera très cher sa vengeance.

Ce petit livre est très prenant et on voit que malgré ses crimes, Long reste un homme qui rêve d’amour et de bonheur avec Su Li, même s’il la trompe souvent. La jeune fille lui permet de garder son humanité, elle est comme un rayon de soleil dans la noirceur de sa vie.

Ce texte a été publié dans une revue chinoise et a été en partie censuré. Cette traduction est la version non censurée, jamais publiée en Chine. C’est un très beau petit livre qui mérite d’être découvert.