Nous sommes en France, au seizième siècle. Madame de Beaufleur vient de perdre son époux. Les cadavres commencent à s'accumuler autour d'elle puisqu'avant son mari, son père et son médecin ont déjà trépassé dans d'étranges circonstances. Monsieur de Beaufleur semble lui aussi avoir été empoisonné. Les regards se tournent donc forcément vers la belle veuve. Le Roi mandate ses mousquetaires pour arrêter Madame de Beaufleur, mais l'un d'entre eux est un de ses anciens amants.
Innocente ou coupable, c'est ce qu'il va falloir découvrir, mais une chose est sûre : la belle a plus d'un argument pour convaincre ou acheter ses détracteurs.
Voici une bd très esthétique mêlant habilement sexe et aventure. Le trait noir et blanc de Giovanni Venturi, très sûr, fourmille de détails tant anatomiques que vestimentaires. Visages, corps, armes, vêtements, décors intérieurs et extérieurs bénéficient tous du même soin et de la même minutie dans la réalisation. Le noir et blanc ainsi que l'époque choisie pour la narration donnent à l'ensemble un charme ancien, presque désuet. C'est beau, tout simplement, et vraiment très agréable à regarder.
Côté intrigue, c'est vraiment bien ficelé, l'enquête tient la route et ne semble pas servir de prétexte à donner un contexte aux (nombreuses) scènes de sexe.
Ces scènes, d'ailleurs, parlons-en. C'est là que j'ai un bémol à apporter à un avis globalement positif. Amatrice de bd érotique, je continue néanmoins à me demander pourquoi nombre d'auteurs (souvent masculins) trouvent bon de faire déraper la situation vers le viol (collectif, tant qu'à faire) et/ou l'inceste. J'ai bien conscience qu'il en faut pour tous les goûts, et qu'en matière de sexe chacun a ses fantasmes et ses petites obsessions, mais personnellement, à chaque fois, cette montée de violence me choque et gâche totalement mon plaisir. Je m'interroge sur ce passage qui semble être quasi obligé dans toute bd érotique et sur ce qu'il révèle sur les rapports entre hommes et femmes.
Bon, voilà pour la minute moralisatrice... Ce point mis à part, Les infortunes de Madame de Beaufleur demeure une très bonne bd - à réserver à un public averti.