Daga-Mer est libre, il va pouvoir mettre fin à ce monde ! Malheureusement, le destin de celui-ci repose entre les mains d'un groupe d'aventuriers, ces déchets inutiles et dangereux de la société...
Depuis qu'ils se sont échoués sur une île à nouveau peuplée de lézards bipèdes, les relations se sont encore détériorées entre les membres de l'équipe. D'ailleurs, une partie de Lenk pense, à raison ou à tort, qu'il est entouré de traîtres et tente de persuader son autre partie (celle qui manie l'épée) de tous les tuer.
Pour ajouter un peu de plaisir à leur séjour insulaire, les aventuriers ont amené deux invités, un bibliothécaire, le supérieur hiérarchique de Dread et une cheffe infernelle capturée que l'ivrogne, Denaos, doit faire parler.
Jaga, ses armées de démons, ses infernelles et son codex salvateur attendent de pied ferme les héros !
Ce troisième opus de la trilogie des La porte des Eons nous emmène jusqu'à son dénouement final, dans le prolongement direct du tome précédent, autant au niveau de l'histoire que du style car Sykes a atteint, avec La couronne du chaos, un niveau d'écriture tout à fait délicieux pour le lecteur.
Bien sûr, on peut trouver certains passages du roman, où les personnages ne font que tourner en rond et s'engueuler, trop statiques. Mais ce n'est que la façade, la psychologie et les relations des protagonistes sont toujours aussi réussies et réjouissantes. Lenk, gravement blessé, plonge dans la folie. Asper perd sa foi. Denaos évacue ses souvenirs au moyen de litres d'alcool. Kataria hésite et fait partager sa colère. Dread perd le contrôle. Gariath retrouve un vieil ami...
En centrant à nouveau son texte sur les acteurs plutôt que sur leur quête, Sykes s'amuse à les torturer avec un plaisir malsain mais... tellement communicatif ! Il profite, d'ailleurs, de ce dernier tome pour nous introduire l'intéressant passé de ses héros.
Enfin, le ton ironique de l'auteur, son sens de l'action, les dialogues qui fusent à l'instar d'un combat de boxe (avec de nombreux coups sous la ceinture) et les infernelles font de ce bouquin une histoire féroce et passionnante.
En conclusion, L'ombre de l'abîme est une remarquable fin et fait de la série La porte des Eons une pépite de la fantasy pure et dure.