A quatre siècles dici, dans le futur. Après des années de travail acharné, Karl Carnap a quasiment atteint son but : la campagne pour le poste suprême de PDG de la fédération mondiale touche à sa fin, or le centriste a une longueur davance sur ses concurrents démocrate et républicain. Pourtant, en quelques jours à peine, le temps de quelques quintes de toux, tout va basculer.
Cette présentation un peu rapide est à limage de lintrigue, quasi inexistante et qui ne sert que de prétexte à une présentation dun monde futur, à quelques siècles dici. Ce monde, vu de loin, est une utopie. Lhumanité a atteint limmortalité. La maladie et le chômage sont de lhistoire ancienne.
Comme on peut sy attendre, il y a cependant un ver dans le fruit. Tout le monde nest pas si satisfait que ça ! Le nombre denfants est strictement contrôlé afin déviter la surpopulation, seuls les riches et puissants peuvent encore espérer se voir confier des pupilles. Les humains las de leur existence immortelle nont pas le droit de mettre fin à leurs jours. Et les IA conscientes commencent à envisager une émancipation
Il y a beaucoup didées dans ce roman, des aspects du futur qui paraissent vraiment lointain à quelqu'un de notre temps (reproduction exclusivement in vitro avec développement du ftus autour dun implant ) ou qui sont au contraire un prolongement plausible de notre présent (matraquage publicitaire, légalisation des stupéfiants ).
La plupart de ces idées ne sont pas novatrices, il sagit dun puzzle composé principalement de pièces éparses empruntées aux plus grands auteurs du genre. Lauteur a visiblement potassé tous les grands classiques de la SF, quil sagisse de romans, de BD ou de films. Il ne sen cache dailleurs pas, faisant à ces uvres de nombreuses références pour la plupart explicites. Et pour les rares lecteurs qui ne sauraient pas à quel univers sont empruntés les réplicants ou les homéoputes par exemple, un glossaire final permet déclairer leur lanterne. Cependant, le tout est bien agencé, formant un univers cohérent (ou presque : parce que Paris comme centre du monde, moi je ny crois pas trop
).
Le manque doriginalité du cadre nest pas forcément un frein à une bonne histoire, si lintrigue est prenante. Hélas, un univers riche et réfléchi ne fait pas à lui seul un livre intéressant : pour moi, il manquait quelque chose nimporte quoi qui maurait évité de mendormir sur ma lecture.
Parce que, non content de présenter des idées manquant souvent doriginalité, lauteur sétale, fait de longs développements. Le moindre fait divers, comme la visite dune couveuse ou dun musée, devient prétexte à un cours magistral sur léconomie, la politique ou encore lart surmoderne. Ces longues descriptions, ces énumérations à rallonge, mont rendu le texte très pesant. Jattendais désespérément un peu daction dans tout ce remplissage, mais je suis restée sur ma faim : même si ça se réveille un peu aux trois quarts du roman (soit quand même aux environs des cinq cent pages vu le pavé), il ny avait pas de quoi tromper mon ennui. Le dénouement ma dailleurs laissé une impression de « tout ça pour ça ? ».
Jai également trouvé très lourde la sexualité omniprésente. Pardon, pas « sexualité » mais « spiritualité ». Au sixième siècle après Ford, les religions telles que nous les connaissons ne sont plus pratiquées que par les colons martiens et les IA ; sur Terre, les églises sont devenues des baisodromes, où lon va « prier un coup » en jouant au mieux de ses doubles organes sexuels masculins/féminins ; quand on na pas de pénis surnuméraires ou autre modification du même acabit, bien sûr. Au point que les personnages publics sont jugés sur leurs capacités orgasmiques au moins autant que sur leurs compétences professionnelles !
Dès le début du roman, un chapitre entier est consacré aux différentes variantes de sexe auxquelles on peut sadonner librement dans ce monde futur. Si je nai rien contre une scène érotique par-ci par-là, là, cétait trop pour moi : je comprends quil sagit dun des aspects majeurs du futur présenté, mais rencontrer le mot « vulve » à chaque coin de page reste trop grossier pour ma pruderie et a rendu ma lecture très désagréable. Le futur proposé est déjà écurant en soi, pas besoin den rajouter !
Trop de longueurs, trop de sexe, un scénario trop léger, des pointes dhumour qui ne mont même pas tiré un sourire vous lavez déjà compris, je nai pas adhéré du tout à ce roman. Si ça avait été une lecture perso, je laurais très certainement abandonné en cours de route tant ma lecture a été laborieuse. Les amateurs de rap « antédiluvien » (comprenez : de notre époque), ou les fines bouches qui salivent à lidée de porridge descargots ou de choux-fleurs sauce chocolat et câpres, y trouveront peut-être leur compte, mais ce nest pas mon cas.