Voici un petit polar qui, sans atteindre, et de loin, les sommets du genre, vous fera passer un excellent moment. Et chose rare, il nous raconte peut-être non pas un crime parfait, mais toute une série. Sur la couverture, il est annoncé : "Déjanté, vivifiant comme une rafale montagnarde". Cest un peu exagéré, mais ce polar est certainement plein dhumour, même si cela tourne parfois à la caricature.
A Meiringen (Suisse) se tient un colloque consacré à Sherlock Holmes dans le bien nommé hôtel Baker Street. Il doit permettre au Professeur Bobo de désigner le premier titulaire de la chaire dholmésologie qui sera bientôt ouverte à la Sorbonne. Il réunit une brochette de spécialistes tous plus bizarres les uns que les autres, qui sobservent et se jalousent.
Dans la nuit du vendredi au samedi, le directeur sen va parce que son fils qui devait venir le relever est injoignable. Il laisse sur place Audrey, la nouvelle serveuse assez cruche. Peu après son départ, une énorme avalanche recouvre lhôtel, qui se trouve tout à coup enseveli sous la neige, privé de chauffage, deau chaude et délectricité. Le roman commence le mardi quand les secours arrivent enfin sous la conduite du Capitaine Poséidon et de son second Flippo. Poséidon sétonne de ne pas entendre les cris de joie des survivants. Comme la porte disparait sous un énorme tas de neige, il décide de la défoncer avec son camion de pompier et écrase Oscar Lecoq, le seul survivant. Le commissaire Lestrade arrive aussi et dit à Poséidon quil vient de recevoir un appel au secours dOscar qui les attendait derrière la porte.
Lhôtel est désert et silencieux. Les trois hommes retrouvent tous les congressistes et la serveuse morts dans la chambre froide. Lestrade lit tous leurs écrits pour reconstituer les faits. Il est aussi un fan de Sherlock et déduit le scénario du drames à partir des écrits des défunts.
A travers eux nous assistons à ce colloque riche en révélations sur le célèbre détective. Au fil des pages, nous croiserons une drôle de paroissienne, un professeur cocaïnomane, une bimbo chef duvre de la chirurgie esthétique, une serveuse espionne, une marmotte tueuse, un doyen gâteux et quelques autres du même acabit dans un huis clos à la fois haineux et hilarant, les morts saccumulant au fil des heures. Quelques scènes sont dignes du film Les visiteurs, lhumour de J.M. Erre nest pas toujours très subtil, mais dans lensemble cest très amusant. En tous les cas les admirateurs de Sherlock Homes en prennent pour leur grade dans cette joyeuse comédie.