Il peut arriver que la nature ponde des choses étonnantes, au propre comme au figuré. Là, c'est bien au propre que cela survient, avec un uf de pierre qui sort d'un rocher. De cet uf, naît immédiatement un être extraordinaire, singe de pierre de son état, qui rayonne tant qu'il en arrive à déranger l'Empereur de Jade dans ses ébats avec son harem habituel. Le singe est ainsi observé, lorsque, par son courage, il devient le roi d'une communauté d'humains qui lui vouent un véritable culte.
Mais après cent ans de fêtes ininterrompues en l'honneur du singe, l'ennui s'installe. La peur de mourir aussi... Ainsi, le singe quitte son royaume afin de rencontrer soit un immortel, soit un bouddha, soit un sage : les trois êtres qui ne peuvent pas mourir, et qu'on peut apparemment rencontrer dans les grottes anciennes des montagnes enchantées. L'apprentissage débute alors, grâce à un vieil et acariâtre immortel, qui va faire du singe un être immortel...
Là encore, le retour au monde réel est difficile : après les quelques années d'apprentissage, le royaume du singe a bien changé, à cause d'un être venu du Nord. C'en est trop pour le singe, qui tient là une occasion unique de faire montre de ses nouveaux talents, de ses nouveaux pouvoirs magiques étonnants, qui lui permettent de tout faire. L'être du Nord en question n'est qu'un bref passage : ce sont des missions bien plus importantes qui devraient maintenant être proposées à ce singe. Pour cela, c'est bel et bien l'Empereur de Jade qu'il faut maintenant approcher...
Glénat réédite le livre de Milo Manara et de Silverio Pisu au scénario, initialement paru en 1980. Cette histoire qui a tout d'un conte est issue du folklore chinois, et a été proposée à l'époque à Milo Manara, dans les conditions qu'il nous explique en préface de cette réédition. Le livre est un conte onirique, qui présente ainsi l'ascension d'un être magique, jusqu'aux plus hautes sphères de la société. Un conte particulièrement connu en Chine, soit dit en passant.
L'adaptation par Silverio Pisu et Milo Manara est de toute beauté, avec des dessins d'une grande finesse et des angles de vue puisés dans le travail d'un Druillet. Bien évidemment, l'occasion est encore belle d'admirer quelques jolies jeunes femmes pour le moins dénudées, pour les fans du maître de l'érotisme italien. L'histoire, quant à elle, parfaitement rythmée, aura peut-être un peu plus de mal à trouver un écho auprès d'un large public occidental, même si du coup l'originalité est bien de la partie.
Une très belle réédition, qui comprend une préface récente de Manara, et un magnifique cahier graphique en couleurs. De quoi découvrir ou redécouvrir une oeuvre culte du début des années 80.
