Sur le Disque-Monde, il est une loi immuable. Un mage lègue les pouvoirs de son bourdon au huitième fils d'un huitième fils dont la carrière magique est assurée. Une transmission que chaque mage entreprend de réaliser lors des dernières minutes de sa vie car, je vous le rappelle, les mages connaissent exactement la date et l'heure de leur décès.
En cette nuit d'orage, Tambour Billette frappe à la porte des Lefèvre, où le huitième enfant est en train de naître, et donne son bourdon au père, étonné, avant de rencontrer la Mort. L'épouse Lefèvre vient d'accoucher d'une petite fille, Eskarina. Les filles deviennent des sorcières, pas des mages, ce que la sage-femme Ciredutemps rappelle sèchement à Gordo Lefèvre...
Le troisième tome des Annales du Disque-Monde introduit aux lecteurs la fameuse Mémé Ciredutemps, sorcière de profession, dans un roman où les femmes chamboulent l'ordre établi au cours d'un voyage mouvementé entre les montagnes du Bellier et la grande ville d'Ankh-Morpork.
Nous sommes devant un bon Pratchett, doté d'excellents personnages : une Esmée Ciredutemps qui s'échauffe pour la suite des Annales, la petite Esk, naïve mais salement manipulatrice ou l'archichancelier Biseauté de l'Université de l'Invisible.
Si le récit se lit bien et est prenant, le scénario reste simple et linéaire. Le style est souvent très voire trop dense, comme régulièrement dans les premières oeuvres de Pratchett, avec cet autre défaut fréquent : un deuxième tiers en-deçà. Les bonnes introduction et fin de ce roman accentuent clairement cette sensation d'un milieu de récit un peu endormi.
La huitième fille est un bon épisode des Annales du Disque-Monde, pas encore au niveau des excellents tomes à venir (Mortimer ou Les trois soeurcières, par exemple) mais meilleur que les deux premiers. Toutefois, Mémé Ciredutemps y fait son apparition, ce simple fait le rend indispensable, n'est-ce pas ?