Les Chroniques de l'Imaginaire

Les lisières - Adam, Olivier

Paul Steiner, écrivain, la quarantaine, se trouve dans une période noire de son existence. Sa femme l'a quitté, emportant avec elle leurs deux enfants, mais il l'aime encore. Installé depuis quelques années en Bretagne, il se trouve contraint à revenir dans la banlieue où il a grandi quand sa mère tombe malade, car son père ne parvient pas à assumer cette charge. Il y retrouve sa famille donc - une mère souffrante, un frère aux antipodes de lui, un père aux choix politiques discutables - et ses amis d'enfance, tous ancrés dans la galère que Paul a quittée grâce à son métier et à son déménagement. Mais quelle que soit la vie des uns et des autres, tous vivent, pas comme Paul qui se sent en dehors de son existence, en marge. A la lisière.

Ce roman intimiste fait l'état des lieux, sur cinq cent pages, de cette société dont le narrateur - assez semblable à l'auteur dans ses choix de vie - se sent spectateur et exclu. Comme pour toute œuvre de fiction, mais peut-être plus encore ici où 'il est question de sujets très actuels et qui préoccupent beaucoup de français - les banlieues, la politique, la crise économique, les relations familiales... - l'appréciation des lecteurs dépendra avant tout de leur sensibilité. En ce qui me concerne, je suis restée indifférente aux états d'âme de ce narrateur amer, désabusé, dépressif, à la fois lucide et borné, empreint de contradictions. De ses propos transpirent douleur, déception, morosité. Il a baissé les bras devant les difficultés - somme toute très communes - de son existence. Ce n'est pas gênant en soi, mais la teneur très manichéenne du texte, la succession de schémas binaires, le manque de recul du narrateur plombe la lecture et freine l'identification avec les personnages. L'ensemble du roman m'a semblé bourré de clichés énumérés dans un style qui peut être tout autant évocateur - dans les descriptions des paysages bretons par exemple, magnifiques - que plombant et répétitif.

Je ne vais pas développer plus avant mon ressenti négatif sur un livre que j'ai peiné à terminer. Je l'ai refermé avec l'impression désagréable d'avoir passé des heures à écouter se plaindre une personne qui certes, va mal, mais surtout, ne veut pas aller bien. D'autres que moi ont été touchés par ce livre, et c'est tant mieux, mais pour ma part je garderai peu de bons souvenirs de cette auto-fiction déprimante et indigeste.