Les Chroniques de l'Imaginaire

La pierre de sang (Frère Athelstan - 11) - Doherty, Paul

J’aime beaucoup les livres de Paul Doherty. Pour moi, c’est le meilleur auteur de polars historiques de ces dernières années, et de loin. Je n’ai jamais été déçue par un de ses romans, qu’ils se passent dans l’Egypte antique ou au Moyen Age anglais. Trop souvent, on a l’impression, en lisant ce genre de polars, que l’aspect historique est une sorte de décor dans lequel se meuvent des héros contemporains ou presque, ce qui n’est jamais le cas avec Doherty. Il réussit à reconstituer une époque dans ses moindres détails avec des personnages vraisemblables, dotés de la mentalité de l’époque et pas des espèces d’Experts qui évoluent dans un décor de cinéma avec leur personnalité d’aujourd’hui. Et une fois de plus cet auteur m’a subjuguée avec le dernier tome des aventures de Frère Athelstan, un dominicain anglais du quatorzième siècle.

Nous sommes à Londres en 1380. Les dernières batailles de la guerre de Cent ans ont tourné à l’avantage des Français. Frère Athelstan prépare les célébrations de Noël avec ses paroissiens quand le coroner John Cranston, son ami de longue date, vient le chercher pour mener une enquête. Tout d’abord, Sir Robert, un riche marchand, a été assassiné et ensuite un vétéran de l’armée l’a aussi été dans l’abbaye de St Fulcher où sa compagnie est hébergée.

Sir John et Athelstan se rendent d’abord chez le marchand pour interroger sa famille. Il y a des rivalités entre sa fille et sa deuxième épouse, mais rien qui n’explique comment Sir Robert a été assassiné dans une chambre close sans que personne n’entre ni ne sorte, et surtout comment une précieuse relique dont le marchand était le gardien a disparu. L’enquête se poursuit au monastère où un ancien archer a été sauvagement décapité. Avant que les deux enquêteurs n’arrivent, un deuxième vétéran est tué à coups d’épée. Sir Robert devait justement présenter la relique le lendemain au monastère. Athelstan s’installe au monastère pour une semaine, tandis que Sir John fait des allers-retours entre la ville et l’abbaye selon les besoins de l’enquête. St Fulcher est tout sauf un lieu de paix : il y a d’autres assassinats, Athelstan en réchappe de peu à deux reprises, les moines sont distants et antipathiques, l’abbé ne s’intéresse qu’à son cygne apprivoisé, le prieur et le sous prieur semblent vivre le parfait amour et un reclus à demi-fou s’occupe des pendaisons décidées par l’abbé.

Nos deux enquêteurs auront fort à faire pour dénouer cet écheveau. Ils nous feront connaître le Londres des pauvres et des petites gens tandis que la Grande communauté du Royaume projette de renverser les pouvoirs en place par la violence.

Ce livre est plein de rebondissements et son univers est très riche, très bien reconstitué et tout à fait passionnant. C’est un livre dense, qui n’est pas vite lu, mais qui est une merveilleuse machine à remonter le temps. Elle nous emporte dans un voyage fascinant au cœur du Londres médiéval.

Un gros coup de cœur à ne manquer sous aucun prétexte.