Les Chroniques de l'Imaginaire

Le temps du désert (Universal War Two - 1) - Bajram, Denis

Cela fait maintenant treize ans que la défaite des CIC a eu lieu, grâce à des hommes d'une intelligence supérieure, venus de Canaan, une planète où le génie de Kalish a pu faire renaître une civilisation très avancée. A présent, les cananéens s'interrogent : depuis que le CIC a fait exploser la Terre en créant un wormhole, il se dit que les êtres de Canaan ne sont pas meilleurs. Ils sont, pour certains, imbus d'eux mêmes, bien supérieurs aux survivants de l'humanité, qui vivent maintenant pour la plupart sur Mars.

C'est notamment le cas de Vidon, un des descendants directs de Kalish. Le jeune garçon, caché derrière ses principes et son armure, n'a que faire des autres hommes, totalement à l'inverse de Théa, sa cousine, qui va même jusqu'à vivre sur Mars pour faire de l'enseignement auprès des orphelins de la planète rouge. Le travail de Théa est loin d'être simple, et cela ne va pas aller en s'améliorant, lorsqu'un attentat sordide a lieu dans l'orphelinat. Des dizaines d'enfants orphelins meurent atrocement, et ce sont des habitants de Mars qui en sont à l'origine.

Encore une fois, en tout cas, l'homme redevient fou, et il n'aura pas fallu longtemps pour que cela arrive, et les cananéens s'en rendent bien compte. Ils essaient d'ailleurs maintenant de faire disparaître le dernier wormhole, celui qui prend naissance au cœur du soleil. Un cadeau empoisonné des CIC juste avant leur disparition. Un terrible ultimatum qui peut faire stopper la vie sur Mars et dans le système solaire d'ici cinq ans. Une machine est envoyée, mais rien ne se passe dans les minutes qui suivent, hormis un immense triangle, étrange et indestructible, qui se multiplie inexorablement, jusqu'à recouvrir presque intégralement le soleil. Sur Mars, l'éclipse est ainsi de plus en plus visible, et les habitants s'interrogent...

Si vous ne connaissez pas encore Universal War One, autant le dire tout de suite, cela est extrêmement grave. Il est impossible que tout amateur digne de ce nom ne possède pas les six tomes de l'extraordinaire premier cycle. Un chef d'oeuvre de science-fiction de Denis Bajram, paru chez Soleil, et qui s'est terminé en 2006.
Je n'étais pas particulièrement au courant, jusque assez récemment, que le compagnon de Valérie Mangin (que l'on peut physiquement apercevoir dans le troisième tome du récent Abysses chez Dupuis Aire Libre) allait remettre le couvert avec son bébé. C'est chose faite maintenant, avec ce premier tome de Universal War Two, qui vient à paraître chez Casterman, et non plus chez l'éditeur historique.

Autant être clair : on tient là, une nouvelle fois, un véritable petit bijou. L'univers que l'on avait quitté est toujours aussi fouillé, toujours aussi oppressant, toujours aussi crédible et travaillé. On ne retrouve plus aucun des héros de l'escadrille Purgatory, mais on en voit régulièrement des traces sur Canaan, avec notamment un Kalish qui est aussi vénéré qu'un Dieu... Un scénario qui se place donc quelques années après les événements du sixième tome de Universal War One, et qui est, vous l'aurez compris, encore une fois extrêmement, diablement, réfléchi et intelligent.

Au niveau graphique, on retrouve totalement le style de ce qui était déjà emprunté dans le premier cycle, et les amateurs s'y retrouveront totalement. Les personnages et leurs expressions sont très réussis, les plans utilisés sonnent bien souvent très justes. On sent que le regard de l'ami Mathieu Lauffray est passé par là.

Ce nouveau cycle de Universal War est parfaitement convaincant, et il me paraît bien difficile de ne pas y mettre un coup de cœur, même en essayant de garder un œil critique : c'est du tout bon, et il est impensable de passer à côté ! Vivement la suite, même si je sais que cela sera long. Et dire qu'il y aura encore six tomes !