Nous sommes dans le Surrey, en 1903. Un jeune reporter belge (qui a tout du physique de Tintin !) est en charge de venir interviewer Mr Stanley, en l'interrogeant notamment sur ses différentes expéditions au Congo. Il faut dire que de plus en plus de rumeurs d'abjectes exactions envers les populations locales remontent, et commencent à salir de manière importante le roi des belges, Leopold II. Stanley dément bien vite ces rumeurs, et l'homme commence à raconter son histoire.
La réalité va pourtant, hélas, bien dans le sens des rumeurs, que des journalistes mettent du cur à faire éclater au grand jour. Stanley a été nommé par le roi, pour ses grands talents d'explorateur, et pour son côté inhumain certain... L'homme n'hésite pas à mener sa colonne d'une main de fer, faisant fusiller les habitants d'un village pour un peu de nourriture, ou faisant fouetter ses porteurs esclaves jusqu'à la mort, simplement parce qu'ils ont fait tomber un chargement.
Paul Delisle, de son côté, a laissé tomber la soutane. L'inaction et l'hypocrisie de ses semblables, à soutane, ont achevé de le faire pencher du côté de son père, Augustin. Paul en est à découvrir l'amour, à présent, non en rattrapant le temps perdu, mais bien en trouvant le grand amour, au grand plaisir de son père. Paul constitue ainsi un témoin de poids pour raconter auprès de l'Europe, et même des Amériques, les exactions commises au Congo au nom de son soi-disant développement, et surtout de la récolte du caoutchouc.
Une histoire en tout cas magnifiquement racontée par Maryse et Jean-François Charles, après leur India Dreams, et mise en image d'une façon très analogue par le talentueux Frédéric Bihel. Ainsi, il n'est pas une plage sans que l'on s'extasie sur la beauté des décors, magnifiquement rendus avec les couleurs et les jeux de lumières. Les visages et les silhouettes ne sont pas en reste, avec un souci de lisibilité sur chaque case, où il est aisé de distinguer tel ou tel personnage, même lorsque la prise de vue est large.
Africa Dreams est une série qui a le mérite, encore une fois, d'appuyer là où ça fait mal dans l'Histoire d'un petit pays comme la Belgique. Sa sortie concomitante avec La colonne (chez Futuropolis) est sans doute hasardeuse, mais en tout cas bien curieuse (même si cette autre série s'intéresse plutôt aux colonies françaises en Afrique). Un troisième tome au titre plein d'ironie, de toute beauté, qui vient en tout cas conclure de très belle manière ce triptyque.
