Taichi Keaton n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler un être banal. Cet être relativement extravagant est né d'un père japonais et d'une mère anglaise, aujourd'hui séparés depuis bien longtemps. Par cette naissance, Keaton a naturellement hérité de deux cultures très différentes, qui le servent maintenant dans ses différents métiers. D'abord, Keaton donne quelques cours à la faculté, histoire d'arrondir les fins de mois. Mais là n'est pas son activité principale...
Car Keaton est avant tout un agent auquel font appel nombre de compagnies d'assurances. Un homme qui a une telle culture sur tout un tas d'objets anciens, de différentes régions, de différentes origines, est un atout précieux pour savoir si telle statue n'est pas une copie, ou si tel site archéologique doit être creusé plus profondément ou pas. Le problème de cette seconde vie passionnante, c'est le danger !
De ce côté là, Keaton a également été parfaitement préparé, en ayant subi une forte instruction militaire. Cet être toujours en costume cravate se révèle ainsi être un excellent combattant, et ce dans de nombreux domaines, que ce soit la lutte, les arts martiaux, ou encore l'escrime. Un être étonnant donc, ne manquant pas d'humour et de nonchalance qui rendent le personnage immédiatement crédible et attachant.
C'est en tout cas l'impression immédiate que l'on a lorsqu'on ouvre le premier tome de ce Master Keaton. Sur la forme, le livre est un véritable pavé de plus de trois-cents pages. On y parcourt ainsi douze aventures plus ou moins linéaires, qui ont en tout cas le mérite de nous faire voyager à travers le globe. Les missions de Keaton l'amènent ainsi en plein désert, ou à voyager avec une riche allemande de l'Est, ou encore à enquêter sur son ancien professeur de combat, qui a des soucis à présent avec la mafia corse.
L'entourage familial de Keaton est également mouvementé, entre une fille qui tient bien de son père, une ex-femme à laquelle il pense encore, et un père qui a bien du mal à reconnaître ses torts passés. De quoi renforcer encore le côté humain de ce personnages principal que l'auteur, Naoki Urasawa, parvient à rendre riche également graphiquement. Les dessins sont tout à fait réussis, avec des expressions drôles et soignées, des décors à l'avenant, et du mouvement dans les scènes d'action qui ne manquent pas dans ce premier tome.
Master Keaton bénéficie d'un premier tome accrocheur, qui rend la série plaisante et intéressante dès la première lecture. Il est possible de lire ce pavé en plusieurs fois sans aucun problème, au vu de la séparation en douze chapitres quasiment indépendants : vivement la suite !