Ruito est un lycéen japonais, tout ce qu'il y a de plus ordinaire. C'est bien simple : depuis toujours, il met un point d'honneur à se fondre dans la masse, si bien qu'il parvient à ne jamais se faire remarquer, et à ne jamais sortir du rang. Le lycée où il étudie est un bahut à la fois généraliste (c'est la filière où il se trouve) et technique. Dans cette seconde partie du bahut, les bagarres sont monnaie courante, et jusque-là, Ruito et ses copains se sont toujours contentés d'être spectateurs...
Jusqu'à aujourd'hui ! Car Ruito et ses amis sont victimes de deux grands costauds du technique d'un autre bahut, qui ont en tête de leur en faire baver. A cette occasion, Ruito est particulièrement malmené et meurtri, même devant ses autres camarades. L'occasion lui est donnée d'analyser ce qu'il faut bien appeler de la couardise, et surtout de faire la connaissance de Anno, un élève du technique de son lycée, qui les a tirés de ce mauvais pas.
Après cela, quelque chose a changé en Ruito. Il commence à se rebeller en classe, et il lui arrive de croiser Anno. Ruito se lance même un défi. Il n'a pas supporté sa peur, sa couardise, le fait d'être totalement impuissant : il va franchir la frontière et se rendre du côté technique, histoire de s'endurcir. D'habitude, aucun élève généraliste ne franchit cette frontière. Ruito commence par passer pour une bête curieuse, mais la violence ne va plus tarder...
Et justement, Gewalt signifie violence en allemand, et cela, Kôno Kôji l'a bien compris. Il rend ce garçon tout à fait attachant, et suivre sa transformation tout au long de ce tome est tout à fait intéressant. On part d'un gamin sans histoire, un brin trop lisse, à un adolescent qui parvient peu à peu à dompter sa peur, en se rendant compte que finalement, un coup de poing, cela n'est pas si douloureux que cela.
Bien entendu, le tome ne reste pas centré sur le personnage de Ruito, même si une grande part est consacrée, et c'est important, à sa psychologie. L'auteur présente également les différents clans qui existent du côté technique, et les tensions qui y règnent. On ressent même que cela a peut-être bien été vécu. Toujours est-il que ce personnage réussit à faire ressortir de vieilles histoires, et que des clans qui s'ignoraient sont en train de retourner en guerre, littéralement, à cause de Ruito.
Gewalt démarre sur les chapeaux de roue, avec un tome ici accrocheur, intéressant, difficile à lâcher avant la fin. Graphiquement, les expressions et les mouvements sont là, et c'est le principal pour ce genre d'histoires, qui n'a pas franchement besoin de détails et de fioritures. Du tout bon, donc !