Alors que le groupe a bien du mal à accepter la mort de Jirakee Walker, Carlos Hernandez s'explique sur les raisons qui le conduisent à écrire LA chanson d'amour parfaite... C'est une sirène qui est derrière cela. Le vieil homme est parfaitement sain d'esprit, et il est même d'ailleurs en possession d'une cassette audio. Lors d'un de ses voyages en mer, il a eu la présence d'esprit d'enregistrer ce qu'il entendait, avant d'être littéralement happé par la musique.
En attendant, Hiroshi souhaite analyser la bande sonore, même si elle est dépourvue de tout attrait magique, comme le veut la croyance commune sur le chant mortel des sirènes. Toujours est-il que la mafia qui recherche activement Carlos souhaite finalement mettre justement la main sur cette sirène, et que l'affaire est prise très au sérieux.
Pour Stella Orsini Del Giglio, la mission est toute autre : elle va chercher, et réussir, à démasquer celui qui se fait appeler Monaco, et qui est à l'origine de la mort de Jirakee... La jeune femme a un atout charme indéniable qui lui fait obtenir la plupart des choses qu'elle souhaite, même si cela signifie se jeter dans la gueule du loup...
Et puis, il y a Marc Underwood. L'homme est étrange, distant. Il parvient à connaître toute la vérité sur la mort de Jirakee et l'incendie qui a coûté la vie à nombre de ses tortionnaires juste après. Un incendie allumé par Delroy, en fait... Marc est maintenant troublé par un souvenir qui semble être double, et qui concerne une photographie censée avoir été prise par Jirakee avant sa mort. Mais la photographe est sur la photo, allant contre le souvenir d'Underwood. Le plus discrètement possible, l'homme subit des examens, qui ne révèlent rien d'inquiétant. Le même trouble s'empare d'ailleurs de Stella Del Giglio...
Nous en sommes au second tome de Cutting Edge, et déjà, nous sommes bien loin du tome de présentation des personnages précédent. Ici, Dimitri joue sur l'évidente complémentarité de ses personnages, en les mettant dans des situations taillées pour chacun d'entre eux. Ce souvenir double est d'ailleurs étrange, bien exploité, et parviendra sans problème à ouvrir le récit vers bien d'autres éléments...
Au niveau des dessins, on retrouve avec plaisir le style très personnel de l'italien Mario Alberti. Comme beaucoup d'auteurs transalpins, l'homme dessine divinement bien les femmes, et Stella Del Giglio est évidemment parfaite, à la mesure du dessinateur, très à l'aise avec les tenues sexy...
Le tome est ainsi plutôt bien fait sur la forme et bénéficie de personnages attachants, mais pour autant, on a du mal à voir où le récit veut nous emmener : on flirte avec du fantastique avec cette sirène, et on a pour le moment encore du mal à imaginer une mafia locale suivre un vieux jazzman dans ce sens... Un problème de crédibilité donc qui, bien loin de rendre la série difficile à suivre, nous met pour le moment sur la défensive, en attendant la suite.