Les Chroniques de l'Imaginaire

Triple crossing - Rottella, Sebastian

Un premier roman plein d’adrénaline qui a été nommé meilleur premier roman et meilleur thriller de l’an dernier par le New York Times, et qui mérite largement ces distinctions.

Valentin Pescatore est un jeune agent de la patrouille frontalière. Toutes les nuits avec ses collègues, il essaie d’empêcher les clandestins mexicains de pénétrer en Californie depuis Tijuana. Son chef, Garrisson, est violent et très peu soucieux du respect des droits de l’homme, il n’hésite pas à brutaliser les personnes qu’il arrête et se livre à divers autres trafics. Un soir, Valentin poursuit un passeur qui les nargue depuis des mois jusque chez lui à Tijuana, ce qui est bien sûr totalement interdit. Cela lui vaut d’être convoqué par l’inspection générale des services et la CIA. Ils lui proposent de passer l’incident sous silence en échange de sa collaboration pour coincer Garrisson qui est leur vraie cible. Ils le soupçonnent de travailler pour la mafia mexicaine et demandent à Valentin de l’espionner et de participer aux divers travaux supplémentaires que Garrisson propose à ses équipiers.

A la fois par peur d’être renvoyé de la patrouille frontalière et par amour pour Isabel Puente, son agent traitant dont il est tombé follement amoureux, Valentin se met à participer activement aux trafics de Garrisson. Ce qui lui permet de faire la connaissance de Buffalo, un chef de gang mexicain dont il a aidé le cousin l’année précédente. Garrisson est bien en lien avec la mafia de Tijuana.

Côté mexicain, nous suivons Léo Mendez, un ancien journaliste désormais à la tête du groupe Diogène, une unité d’élite chargée de lutter contre la corruption qui gangrène le Mexique à tous les niveaux de l’Etat et de la police en particulier et Araceli Aguirre, la présidente de la commission des droits de l’homme qui soutient Mendez. Léo collabore aussi avec Isabel Puente et ne fait pas confiance à Valentin son indic.

Léo a arrêté le chef de la police peu auparavant. Junior Ruiz Caballero, chef de la mafia de Tijuana organise son évasion, mais le fait abattre sur la frontière au moment où Garrisson a envoyé ses hommes le récupérer. Les fugitifs sont tués par les Mexicains, ainsi que le collègue de Valentin. A partir de ce moment, le roman s’emballe, même si l’action ne manquait pas auparavant. Les rebondissements se succèdent et Valentin aura bien de la peine à sortir vivant du bourbier dans lequel il est pris.

Les personnages sont très travaillés et très attachants, On n’a pas affaire à des caricatures de personnage et on sent la plume journalistique de l’auteur. Les personnages sont vivants et vraisemblables. Le suspense est très bien ménagé et jusqu'au bout on craint pour Valentin. Ce livre est effrayant car il nous montre l’étendue de la corruption qui dévore certains pays d’Amérique du Sud. Mais ne nous voilons pas la face, la corruption existe sûrement aussi chez nous, même si elle est plus subtile et moins voyante que là-bas.

La langue de ce roman est très agréable, la seule chose qui m’a gênée est que certaines répliques des bandits sont en espagnol sans traduction, mais on comprend toujours en gros d’après le contexte. Et si j’ai bien compris il s’agit surtout de vannes et de jeux de mots, donc pas forcément traduisibles en français.

C’est un excellent polar et on ne s’y ennuie pas une seule seconde malgré ses cinq cent pages. A recommander chaleureusement pour les longues soirées d’hiver… mais comme on ne peut plus le lâcher, il n’occupera pas tant de soirées que cela.