Dragons et gardiens sont parvenus au terme de leur voyage. L'antique cité Ancienne se dresse quasi intacte et identique de l'autre côté du fleuve du désert des Pluies. Kelsingra la fabuleuse, si proche mais toujours inaccessible. Un gouffre a tranché une partie de ses rues et de ses tours. Les eaux rapides et profondes empêchent les dragons de s'y lancer et le Mataf ne peut accoster son ponton endommagé. Le seul accès possible reste par les airs.
Il n'y a que Gringalette, la dragonne rouge de Kanaï, qui soit capable de voler. Les autres sont inaptes, réduits à de gros lézards aux ailes atrophiées, aux muscles faibles, dépendant de leurs gardiens pour nourrir leur faim incessante et toujours inassouvie. Gringalette se développe en force et en grâce chaque jour tandis que ses congénères refusent les exercices journaliers qui leur permettraient de devenir indépendants. Dragons infirmes, tristes créatures mal grandies, vivotant dans des conditions primitives au même titre que leurs gardiens, désormais transformés en Anciens, sans les souvenirs nécessaires à la survie de tous.
Leftrin retourne à Cassaric afin d'obliger les membres du Conseil à lui remettre l'argent dû aux gardiens pour cette mission. Il rapportera autant de provisions et de fournitures nécessaires à l'installation de leur colonie. Chacun a trouvé au bout de ce voyage une nouvelle vie loin de son passé.
Alise Finbok profite chaque jour de l'aide de Gringalette pour étudier, recenser et comprendre Kelsingra. Elle sait que le temps joue en sa défaveur et qu'au retour de Leftin, les prospecteurs seront nombreux pour démonter la cité pierre par pierre afin de piller ses richesses.
Avec ce cinquième volet des Cités des Anciens, Robin Hobb se concentre sur les rapports entre les dragons et les nouveaux Anciens. La version française, plus longue, a incité les éditions Pygmalion à diviser chaque volume original en deux et les éditions Jai Lu ont conservé cette séparation. Ce clivage ressort malheureusement dans ce volume, car Robin Hobb attache beaucoup d'importance à élaborer des personnages à la personnalité complexe. Elle s'applique, dans Les gardiens des souvenirs, à mettre en place ceux-ci pour mieux développer son intrigue. Toute la virtuosité de l'auteur est dans ses mots qui permettent aux amoureux de son univers d'être captivés, malgré le manque d'action. Certains personnages des Aventuriers de la mer interviennent et le suspense qui débute ne peut qu'inciter ses lecteurs à poursuivre la découverte de cette série.