Machiavel rentre de guerre, totalement fourbu, et avec une seule idée en tête : se détendre avec les énormes muses mises à sa disposition dans le bordel de Madame Imperia... Ainsi, c'est en forniquant entre d'immenses cuisses qu'il daigne raconter les derniers événements, en commençant par la requête d'Alphonse D'Este, dont l'époux de sa sur Isabelle est prisonnier chez les vénitiens. Le Pape Julius II accepte, pour une grosse somme, de délivrer le dit époux. Mais pour éviter toute trahison de sa part, il exige que Frédéric, le fils de dix ans, lui soit remis.
C'est ainsi que Julius II a de nouveau la tête qui tourne lorsqu'il aperçoit le jeune angelot. Immédiatement, il se prend d'affection pour lui, le faisant vivre dans des appartements luxueux, et passant beaucoup de temps avec lui afin de l'attirer dans sa couche. Mais l'enfant n'a pas encore du tout la tête à cela : sa mère Isabelle lui manque, et le pape accepte de la faire venir dans ses palais.
Mais la femme en question, Isabelle, est tout simplement éléphantesque, et il faut abattre plusieurs portes pour pouvoir la faire entrer. Sans compter toute la nourriture nécessaire à la satisfaire... Julius II ne supporte plus cette présence, et fait empoisonner Isabelle à l'aide d'une bête qu'il connaît bien. Par ailleurs, Frédéric n'avait d'yeux que pour sa mère lorsqu'elle était là, et ainsi, le pape pense que les choses sérieuses vont pouvoir reprendre.
Bientôt, le marquis de Gonzague amène son armée au pape, afin de défier Alphonse D'Este, le duc de Ferrare. Dans un habile stratagème, Julius parvient à se débarrasser à la fois du duc de Ferrare, mais aussi du marquis de Gonzague et de son fils, Frédéric, qui était trop long à se soumettre totalement au pape.
Suite à cela, le récit de Machiavel se tourne vers les deux plus grands artistes italiens de l'époque : Michel-Ange et Raphaël. Ce dernier n'hésite pas à espionner l'atelier de Michel-Ange, qui travaille sur la fresque de la chapelle Sixtine, provoquant la colère du célèbre artiste de la Renaissance.
C'est avec un grand plaisir que se fait la découverte des nouvelles planches de Theo, magnifiquement mises en couleurs par Florent Bossard. Chaque case est minutieusement travaillée, encore une fois, et rien n'est laissé au hasard, entre les mouvements parfaitement rendus dans les scènes de violence, la richesse des habits des prélats, ou les expressions parfaitement maîtrisées du Pape notamment. Certaines planches sont même destinées à choquer purement et simplement le lecteur, comme les scènes de Machiavel au bordel, et elles y parviennent parfaitement bien.
Et c'est là où réside sans doute l'intérêt de la série. Il ne faut surtout pas la prendre pour du premier degré ou de la réalité historique, mais bien pour un nouveau délire scénaristique d'Alejandro Jodorowsky. Nous ne sommes bien sûr pas dans La Caste des Métabarons ou dans Megalex, mais la violence qui émanait de ces deux séries de science fiction se retrouve parfaitement présente, même si c'est dans un tout autre contexte.
Ici, tout est prétexte à du sang ou à du sexe, le plus souvent entre hommes, et bien des éléments peuvent ainsi choquer. Ou pas, en fonction du lecteur et de ses croyances personnelles... Jodorowsky aime que les réactions de ses personnages soient parfois primaires, et cet état de fait dans un monde historique et religieux est pour le moins assez malsain. Pour autant, l'album reste absolument magnifique graphiquement, en étant en plus enrichi d'un cahier graphique encore une fois de toute beauté.
En fonction de vos attentes, vous détesterez ou vous adorerez cet album, ou plutôt cette série, qui ne fait pas dans la demi-mesure.