Les Chroniques de l'Imaginaire

Âme perdue - Panaccione, Grégory

Arrivé dans un monde très hostile, un petit être va devoir faire vite pour survivre aux éléments qui se déchaînent contre lui.La foudre, le vent, la pluie, la faim et la peur vont tour à tour le pousser à aller plus loin, à découvrir plus de choses et quid de cette bête tout crocs dehors qui le suit partout.

Alors je ne sais pas par où commencer. C'est surprenant de poésie, de délicatesse. J'ai ressenti une réelle empathie pour ce petit être. Il est beau, fragile, inquiet. Plus je tournais les pages et plus je voyais le potentiel intellectuel et empathique de ce personnage.

La BD aborde différents thèmes qui viennent se greffer ensemble et se rendre complémentaires les uns aux autres. Ils s'imbriquent et donnent une force incroyable au récit. On y trouve l'amitié, l'abandon, le plaisir de découvrir, de se découvrir et d'aimer. Et puis sans gâcher le récit, l'arrivée du chien du berger apporte une touche d'humanité particulièrement touchante. Avec cette arrivée c'est surtout l'humanité du petit être qui nous explose au visage. Le berger quant à lui apporte la découverte de l'autre. Le berger est fort, grand et va apporter la notion d'amitié et par ricochet celle de l'amour. La force et la grandeur de ce personnage amènent un sentiment de protection et là on arrive aux thèmes de l'enfance et de l'insouciance. Le berger permet la découverte du jeu et de la liberté.

Cette histoire est quasiment sans paroles, à part quelques onomatopées et grognements, approbatifs ou non d'ailleurs, et c'est dans ces cris que j'ai pu y insérer mes propres sentiments et par là même être touché comme rarement par la lecture d'une œuvre.

Cette BD a parlé à l'enfant, à l'adulte et au papa en moi. J'ai eu réellement peur pour lui par moments mais j'ai ri aussi et souri beaucoup. Les dessins ont beaucoup renforcé les sentiments que j'ai éprouvés en lisant cette BD. Bien que le trait soit plutôt simple, il donne une impressionnante impression de fluidité et de mouvement.

Je partais avec un a priori plutôt positif dès le départ, j'aime beaucoup la ligne éditoriale de Shampooing, je la trouve très fraîche et bien pensée offrant régulièrement un éclairage différent par rapport aux autres maisons d’édition. Ils savent dénicher l'histoire juste et l'allier au dessin juste. J'ai déjà exprimé tout le bien que je pensais d'Orignal, une autre BD de Shampooing, eh bien on retrouve la même vision poétique d'un sujet déjà traité quelques fois.
Et puis quelle fin. Je vais essayer de rien dévoiler de cette fin absolument géniale. Je ne m'attendais pas du tout à cette fin et sa force est qu'elle donne un regard différent à l’œuvre entière et j'ai eu envie de la relire une deuxième fois dans la foulée.

Je ne crie pas souvent au chef d’œuvre mais force est de constater que je suis fier d'avoir cette BD dans ma collection.

Bref pas un coup de cœur mais un coup de génie !