1898. Les parisiens se pressent au Jardin d'Acclimatation pour découvrir un village dahoméen (le Dahomey est notre actuelle République du Bénin) censé reconstituer la vie quotidienne de ce peuple d'Afrique de l'Ouest. Ce matin-là, le vodun (sorcier) du village y fait une découverte macabre : le corps décapité d'un de ses compatriotes. La tête, posée un peu plus loin, a été empalée avec un bâton à message qui dépasse encore de la bouche.
Louis Denfert, reporter au Petit éclaireur, est justement en pleine négociation avec Albert, son ami médecin légiste, qui tente de le convaincre d'entamer avec lui un voyage au Dahomey pour y étudier les coutumes et le folklore du pays. Louis est plutôt tenté par un voyage aux États-Unis, mais le corps mutilé retrouvé le matin même va l'aider à changer d'avis.
Sitôt dit, sitôt fait, les deux comparses embarquent pour l'Afrique de l'Ouest accompagnés de la troupe habituelle : Camille, la fiancée de Louis, et Émile, l'ancien militaire qui n'a pas la langue dans sa poche. Arrivée sur les terres africaines, cette bande de détectives improvisés va faire un intéressant constat : de l'autre côté de la Méditerranée, les mêmes meurtres frappent la population africaine. Bientôt, les cadavres s'accumulent, et il devient urgent de faire la lumière sur l'identité du coupable !
Ce cinquième opus des enquêtes de Louis Denfert fonctionne sur le même modèle que les précédents. On y retrouve les mêmes sympathiques protagonistes confrontés à un mystère compliqué à éclaircir. C'est avant tout l'alchimie entre les personnages qui rend cette série appréciable. Brigitte Aubert nous offre beaucoup d'humour et des dialogues savoureux qui allègent agréablement la lecture.
Du côté de l'intrigue, elle souffre ici de quelques longueurs. Pendant de longs chapitres, les personnages ne font que discuter et échanger leurs points de vue sur les meurtres. Ça piétine, rien ne bouge, pas le plus petit indice en vue, et si cela doit sans doute se rapprocher de la réalité du rythme des enquêtes policières, le lecteur habitué au suspense de ce genre de littérature peut vite s'ennuyer ferme.
En revanche, ces longueurs permettent de donner une réelle épaisseur contextuelle au roman, et c'est un vrai bonus ! On sent que Brigitte Aubert est passionnée par son sujet et s'est abondamment documentée. On en apprend beaucoup sur le passé du Bénin, toujours dans l'ambiance légère qui caractérise les enquêtes de Louis Denfert.
En somme, un cinquième tome de bonne qualité qui, malgré quelques longueurs, demeure une lecture agréable.