Nous sommes dans la bibliothèque, plutôt bien fournie au demeurant, de deux frères, Wilhelm et Jacob. Wilhelm est pour le moins occupé : il semble plongé dans une lecture qui le fascine et qui n'est pas sans l'inspirer. Le livre, intitulé La Blanche Odilie et les Nibelungen, n'est pas forcément très inspiré, mais Wilhelm le trouve plutôt bien écrit...
On y suit ainsi une troupe de théâtre, qui va de ville en ville avec ses comédiens et son ours, Fafnir, afin de gagner de quoi manger. Plusieurs nains font partie de la troupe en question, dont Otho, et notamment Ulrich et Zita, un frère et une sur qui se détestent. Zita, jeune femme splendide, ne supporte plus cette vie passée sur les routes. Elle ne supporte plus non plus d'être systématiquement celle qui amadoue les rentiers, et qui soutire leur argent en leur vendant ses charmes, ni plus ni moins.
D'ailleurs, les choses sont sur le point de changer, depuis qu'elle a croisé la route d'un riche notable qui est veuf depuis maintenant un an. Zita quitte la troupe, et ne compte pas en rester là. Il ne faut surtout pas que son nouveau mari apprenne son passé de délurée malgré elle : alors, Zita va être à l'origine d'un abominable attentat envers ses anciens compagnons de route...
Par ailleurs, le nouveau mari en question n'est pas sans avoir une jeune fille appelée Odilie. Cette dernière a détesté Zita au premier regard, et les mois qui passent ne sont pas vraiment pour arranger les choses... Zita ne compte pas vraiment laisser sa part d'héritage à la jeune Odilie, une petite fille trop gâtée qui n'a jamais eu à se battre comme Zita pour obtenir ce qu'elle veut. Une petite fille qui est maintenant en grand danger, dans l'entourage de Zita...
Philippe Bonifay (scénariste de la magnifique série Zoo) et Fabrice Meddour (La geste des chevaliers dragons, John Arthur Livingstone) nous livrent ici, chez Glénat, une vision beaucoup plus sombre du premier long métrage de Walt Disney. Ce Blanche Neige paraît dans la série A l'origine des contes, en même temps que Barbe bleue et Pinocchio. C'est toujours Philippe Bonifay qui scénarise, avec des dessinateurs différents.
Mais revenons à ce Blanche Neige : la qualité est là, indéniablement. Bonifay choisit de se mettre dans le regard des frères Grimm qui découvrent un conte très noir, imaginant ainsi une histoire beaucoup plus large public, qui est le conte que l'on connaît tous. Ici, on tient quelque chose de beaucoup plus noir et sombre, comme le promet d'ailleurs la très jolie et sanglante couverture de Fabrice Meddour.
Justement, les planches de ce one-shot dans la série sont parfaitement réussies : on y retrouve des personnages travaillés, même s'ils ne sont pas tous vraiment utiles dans le récit. Les couleurs utilisées sont à l'avenant, mettant parfaitement en valeur le dessin détaillé de Meddour. Les visages sont ravagés par le froid et l'époque, et les expressions sont très réussies, notamment la cruauté de Zita, qui est finalement vraiment le personnage central du livre.
Le récit est parfaitement mené, même s'il aurait également pu s'affranchir de certains personnages peu utiles : cela aurait permis de gagner en lisibilité notamment en début de tome, où tous les noms ne seront de toute façon pas forcément utiles à retenir. En dehors de cela, cette vision de Blanche Neige, bien plus sombre que l'original, est parfaitement réussie, et tout à fait digne d'intérêt !