Les Chroniques de l'Imaginaire

Standard-Island (Aquablue - 14) - Hautière, Régis & Reno

Sur Terre, c'est l'effervescence depuis que les scientifiques ont mis en évidence que la vie sur Terre a Aquablue pour origine. A présent, on ne compte plus les gens qui veulent partir définitivement vivre sur Aquablue. L'attrait est évident, avec une planète aux atolls paradisiaques, et qui ne connaît pas la pollution. Les humains à avoir déjà fait le grand saut sont nombreux, et l'immigration a dû stopper, l'entente avec les habitants d'Aquablue n'étant pas toujours au beau fixe...

Et c'est bien là le problème : tandis que l'espèce humaine revendique de plus en plus le droit à ces nouveaux territoires, cela ne se passe pas sans heurt sur le terrain, au grand désespoir de Nao qui voit mal un village humain dresser une palissade et des miradors, afin de se protéger des autochtones. Même Melkeïok est plutôt d'accord avec l'établissement de cette palissade, tant il sent que les deux espèces auront du mal à trouver un terrain d'entente.

Et bientôt, les événements lui donneront encore raison, lorsque les entrepôts du pôle sud d'Aquablue dévoilent leur production (qui aura valu à Rabah d'être dans un coma peut-être irréversible) : un immense bateau, le Standard-Island, a été construit pour permettre aux terriens de faire une croisade inoubliable sur les eaux d'Aquablue. Un voyage inaugural a lieu, avec Nao, Mi-Nuee et Melkeïok à bord. Melkeïok est inquiet d'apprendre que l'objectif est d'avoir une dizaine de bateaux comme celui-ci pour permettre aux fortunés de venir sur Aquablue. D'autres projets humains parlent de villes flottantes à la surface même des océans...

La tension est palpable depuis trop longtemps. Il est temps de crever l’abcès, sous la forme de pirates d'Aquablue qui prennent le contrôle du Standard-Island. Les voyageurs de cette inauguration sont maintenant en grand danger, puisque si les terriens ne quittent pas Aquablue sur le champ, cinq otages, parmi les vedettes et les hommes politiques importants qui composent la majorité des invités, seront froidement exécutés chaque jour...

Cela fait deux tomes maintenant que la série Aquablue, une des séries phares de l'éditeur, est entre les mains de Régis Hautière au scénario, et de Reno au dessin plus que réaliste. Et cela fait deux tomes que la série a trouvé un nouveau départ, avec une tension palpable, un scénario qui met en avant les difficultés de s'entendre entre deux peuples. Eh bien, ce troisième tome avec ces auteurs aux commandes ne déroge pas à la règle !

Là encore, le dessin est superbe, confondant de réalisme, que ce soit dans les somptueux décors, ou dans les personnages et leurs expressions. La surprise est passée, bien sûr, mais j'adhère toujours autant, même si je suis conscient qu'on tient là quelque chose de très différent des traits originaux d'Olivier Vatine, ou de Ciro Tota... Toujours est-il qu'il est toujours extrêmement agréable de parcourir ce tome avec une telle qualité graphique.

Et puis, les personnages sont ici encore une fois tous convaincants. Que ce soit sur Terre ou sur Aquablue, on suit avec un grand intérêt les différents événements, entre les pro et les anti immigration vers Aquablue, ou les soucis de plus en plus importants qui ont lieu sur la planète d'eau. L'homme a dévasté sa propre planète depuis déjà longtemps, et les réactions primaires dont il fait encore preuve font craindre le pire dans cette nouvelle conquête... A un autre niveau, on sent bien que la conquête des territoires est la plus forte, et que les habitants d'Aquablue ne tarderont pas à devenir les nouveaux indiens d'Amérique.

Une série toujours aussi bonne, avec ce petit quelque chose en plus, un héros beaucoup plus mâture et réfléchi qui est bien loin d'être sans saveur !