Les Chroniques de l'Imaginaire

Gisèle & Béatrice - Feroumont, Benoit

Béatrice est une jeune femme qui se donne beaucoup pour son travail. Alors, quand Jones, un ami de Georges le patron, se voit offrir une promotion qu'il ne mérite pas, elle fulmine. Elle a beau râler, rien n'y fait. Georges ne voit qu'une seule chose : qu'il aimerait bien mettre Béatrice dans son lit. Elle aimerait bien se plaindre pour harcèlement sexuel mais ses collègues masculins ne la plaindront pas, pensant qu'elle use de ses charmes pour y arriver (alors qu'elle n'y arrive pas). Quand Georges, le soir, lui demande si elle a réfléchi à sa proposition, Béatrice accepte de passer la soirée avec lui. Ils vont au restaurant mais Georges attend plus, et Béatrice lui propose de venir terminer la soirée chez elle. Elle lui prépare un cocktail et Georges va se retrouver à sa merci. Il va devoir obéir à Béatrice, mais elle va aussi le changer. Physiquement. Profondément. Béatrice va enfin pouvoir prendre sa revanche sur ces hommes qui ne pensent qu'à une chose sans essayer de voir la personne compétente qu'elle est.

Avec Gisèle & Béatrice, Benoit Feroumont signe une fable coquine mais aussi sociale. Il se fait plaisir avec ses dessins de femmes dénudées qui se donnent du plaisir. Mais ce n'est pour moi qu'un décor. Béatrice veut rendre la monnaie de sa pièce à Georges, ce patron misogyne et obsédé, et par-là même à tous les hommes qui ne respectent pas les femmes autrement que par le plaisir sexuel qu'elles peuvent leur procurer ou bien par la soumission qu'elles acceptent de subir. Et Béatrice va se lâcher. Peut-être un peu trop, à mon goût. C'est un peu l'histoire du torturé qui torture à son tour pour se venger et qui ne se révèle, finalement, pas mieux que son propre tortionnaire. La seconde moitié de l'œuvre est moins dans la force et plus dans la douceur. Gisèle accepte son sort et, finalement, l'apprécie.

Amusante tout autant que dérangeante, Gisèle & Béatrice est une lecture divertissante, agréable, mais qui fait bien réfléchir quand même. Je ne peux me prononcer à comment les femmes le prendront, mais en tant qu'homme je me suis quand même pas mal posé de questions : est-ce que moi aussi je fais subir ce genre de choses sans m'en rendre compte alors qu'elles me révulsent ? Je n'ai pas la réponse mais j'espère qu'elle est négative.