Khaal est à la tête d'un vaisseau ogre qui dévore tout sur son passage. Sa violence n'a d'égal que sa démence. Mais son règne est remis en cause par des rebelles. Ils connaissent le lien qui l'unit à Dhâlym, l'éthéré, et à Shÿl, le psycog. Ils savent que si ses "frères" sont tués, Khaal mourra aussi. Mais les deux frères ne sont pas aussi faciles à trouver. Pas plus que ne le sont des femmes qui sont capables de partager la couche de Khaal. Il est brutal, sans sentiments et ne désire qu'accéder aux visions que lui donnent les orgasmes de ses partenaires. Mais il ne fait rien pour les provoquer. Il n'est que colère et la colère ne peut engendrer le plaisir. Alors il se bat, conquiert, détruit, pille, annihile. Il est l'empereur. Un empereur sans aucune pitié.
Les chroniques de Khaal nous font découvrir un personnage qui ne peut être un héros. Personnage principal, oui, mais héros, jamais. Il n'a pas la subtilité qui nous fait apprécier les méchants. Nous suivons donc sa vie, son périple vers cette vision qu'il ne parvient pas à capter entièrement. Seules des bribes se montrent à lui, des bribes qu'il ne peut tolérer. Louis nous produit un scénario qui se base principalement sur une voix off. Les phylactères existent mais ne sont pas légion, loin de là. Cela ajoute une lourdeur à l'histoire, mais une lourdeur voulue, selon moi. Elle participe à cette ambiance oppressante nécessaire à cette histoire. Le scénario space op est magnifié par le dessin et les couleurs de Valentin Sécher. Les planches sont de toute beauté. Dans les personnages, dans les décors, dans les détails, dans les points de vue, tous les dessins nous emportent dans ce monde impossible. Les visions du vaisseau ogre, avec ces mélanges de mondes qui se superposent, sont grandioses et méritent bien la place qui leur est octroyée.
Je suis malgré tout resté sur ma faim. Pour moi, la fin du tome n'est pas une conclusion. Ou alors elle arrive trop rapidement. Il manque quelque chose, une chute, une chose plus tranchée qui cadrerait bien avec le personnage de Khaal. Je suis frustré ; ici, j'aurais bien aimé assister à un massacre final.