Les Chroniques de l'Imaginaire

Je, François Villon - Teulé, Jean

Le 30 mai 1431, alors que Jeanne La Pucelle est brûlée vive à Rouen, dans la salle Saint-Louis de l'Hôtel-Dieu de Paris naît François. Grâce à lui, sa mère Marie a échappé à son exécution tandis que son père, sur le parvis, est pendu pour le vol d'une chemise d'accouchie et d'une miche de pain. La jeune mère élève François tant bien que mal dans la misère, la faim et le froid.

Après des années dures où la famine se fait autant sentir que le gel et les épidémies, il règne dans la capitale une atmosphère de kermesse. En ce 12 novembre 1437, Charles VII a repris la cité aux Anglais. Toute à sa joie, Marie, qui avait posé une couronne de roses sur la tête de son fils, est accusée de vol lorsqu'elle restitue la décoration à la marchande. Condamnée à être enterrée vivante à Montfaucon pour récidive, elle en appelle à la bonté de Guillaume Villon, chanoine de Saint-Benoît-le-Bétourné, pour prendre François sous sa tutelle et lui apprendre l'écriture. Le bon Guillaume accepte d'accueillir le futur orphelin comme apprenti clerc, de le nourrir, de le loger, de lui apporter l'éducation nécessaire en vue d'être secondé. Il voit déjà François, après des études de clerc, poursuivre son cursus afin de devenir juriste.

François Villon apprend le catéchisme, le latin, l'arithmétique et la grammaire dans le meilleur collège de Paris. Élève médiocre et indiscipliné, il aime la lecture et l'écriture et compose des ballades. Le chanoine manque d'autorité, s'inquiète de son protégé qui ne va pas en cours, ne rentre pas avant le couvre-feu alors que le loyer annuel du boucher paye sa formation.

À une vie studieuse, François Villon préfère l'amusement. Il fréquente les gueux, les voleurs, les assassins et les prostituées.

François de Montcorbier, dit François Villon, est le poète français le plus connu de la fin du Moyen Âge. Très vite, sa légende le représente tantôt farceur, tantôt escroc, mais souvent en poète maudit. Son œuvre ainsi que son langage ne sont pas faciles à déchiffrer sans notes ni explications. Les allusions au Paris de son époque, son art du double sens et de l'antiphrase rendent son texte difficile.

Écolier de l'Université, maître de la faculté des Arts dès ses 21 ans, François Villon a d'abord mené une vie d'étudiant joyeux et indiscipliné. À 24 ans, la mort d'un prêtre lors d’une rixe le contraint à fuir Paris. Amnistié, il doit de nouveau s'exiler un an plus tard après le cambriolage du collège de Navarre. Accueilli à la cour de Charles d'Orléans, François Villon échoue à y faire carrière. Il mène alors une vie errante et misérable sur les routes. Emprisonné à Meung-sur-Loire, il est libéré à l'avènement de Louis XI, et revient à Paris après six années d'absence. De nouveau arrêté pour une rixe, il est condamné à être pendu. Après son appel, le Parlement casse le jugement et le bannit pour dix ans de la ville. François Villon a alors 31 ans et on n’entendra plus jamais parler de lui.

Après Rainbow pour Rimbaud et Ô Verlaine !, Jean Teulé achève son incursion en poésie avec Je, François Villon. Il endosse les haillons du poète pour nous conter sa vie et son œuvre. Sans juger ni excuser, l'auteur nous livre les secrets de ces écrits. Jean Teulé conte l'insouciance, la misère et la cruauté de ce poète de génie. Il nous raconte sans détour l'absolue liberté de François Villon avec son style particulier, choisissant ses mots pour mieux nous rendre les choses les plus cruelles d'une beauté surprenante.

Je, François Villon a reçu le prix du récit autobiographique et a été adapté sous divers supports. En téléfilm sous le titre de Je, François Villon, voleur, assassin, poète..., diffusé en 2011 sur France 2. Et la même année, les éditions Delcourt publient la BD du premier volume intitulée Mais où sont les neiges d’antan ?