Niourk, ville de lumière, une lumière éteinte depuis lexode des hommes. La planète Terre est revenue à létat sauvage, mais les humains nont pas complètement disparu. Dans le tome premier de Niourk version bande dessinée, nous avons rencontré lEnfant Noir et sa tribu au bord de la ruine. Attaqués par des pieuvres géantes, Bagh, El-Zah, Thôz et les chasseurs nont aucune chance de survie. Cest là que réapparaît lenfant. LEnfant Noir quils avaient rejetés, lEnfant Noir qui a mangé le cerveau du vieux, tué le jaguar, dompté lours et rencontré les dieux, lEnfant Noir qui revient vers les siens avec un bâton de feu. LEnfant Noir est invincible, et lEnfant Noir devient le guide de la tribu. La Vallée de lHuds doit les conduire à la ville qui les nourrira tous, Niourk.
Olivier Vatine transforme le roman de Stefan Wul en vrai graphique-roman. Je ne peux pas vraiment dire roman-graphique, puisque le texte disparaît presque complètement au profit des images. Cependant la trame reste claire, car le scénariste dose à la perfection minimalisme phrastique et suggestion visuelle. Dans des tons vert-gris, il suggère la jungle et le côté très Rambo de notre garçon héros. Il transgresse les codes de la bande dessinée et use pleinement de la double page. Laspect très carré des vignettes est négligé pour sortir du cadre, et mettre le texte en marge de laction. Diagonale dessinée vertigineuse, reprise du mouvement, éclairage savamment dosé, tout est construit pour que le lecteur soit emporté par le mouvement constant du personnage principal. Survie, fuite, évolution, chaque étape est rendue avec justesse. Les ombres se déploient, les corps meurent, lenfant se retrouve seul. Et à travers les pages de Vatine, on ressent l'énorme solitude de cet être presque seul au monde. On vit avec lui limmensité de Niourk en ruine. On jouit de sa victoire sur les machines.
Et comme lui, on se réjouit de pouvoir repartir dans le dédale de Niourk avec le troisième tome prévu prochainement.