Les Chroniques de l'Imaginaire

Les enfers virtuels (Cycle de la Culture) - Banks, Iain M.

Dans certaines civilisations galactiques, ceux qui ont été jugés coupables d’attitudes moralement répréhensibles sont condamnés à souffrir éternellement en enfer. Leur « âme », la sauvegarde de ce qui fait leur être, est constamment réincarnée au sein d’univers virtuels, où ces malheureux sont soumis aux supplices les plus atroces et inimaginables qui soient.
Bien sûr, une telle barbarie a ses opposants. Depuis des dizaines d’années, les pro et les anti-enfers enchaînent guerre sur guerre dans des univers virtuels, ayant tous accepté d’accepter le choix du vainqueur final de cette curieuse guerre. Cependant, pour le camp anti-enfer, la défaite semble de plus en plus inéluctable, au point que ses chefs envisagent sérieusement de briser les accords établis pour porter la guerre dans le Réel.

Certaines civilisations semblent peu concernées par le problème. C’est le cas pour l’Habilitement Sichultien, par exemple, une civilisation qui est encore assez bas sur l’échelle de l’évolution technologique. Pour Veppers, l’homme le plus riche et puissant de ce système stellaire, la seule chose qui importe est de devenir toujours encore plus riche, encore plus puissant, sans trop regarder sur les moyens employés. Quant à Ledjedje, née pour être son esclave afin d’absoudre la dette familiale, elle ne rêve que de liberté et de vengeance, mais se heurtera à la volonté inflexible de son cruel maître.

A priori, on ne voit pas trop le rapport entre ces deux histoires. Pourtant, au fil des destins entrecroisés, on va découvrir que les deux sont effectivement liés. Sinon, pour quelle raison la Culture, qui est bien évidemment anti-enfer mais n’a pas souhaité s’impliquer officiellement dans le conflit pour des raisons politiques, s’intéresserait-elle autant à Ledjedje ?

J’ai été un peu déçue par cet opus du Cycle de la Culture. Le thème choisi – les univers virtuels – est résolument moderne, j’espérais donc des développements intéressants, mais les idées ne sont pas suffisamment exploitées à mon goût. Dans l’ensemble, le scénario est assez simple et sans trop de profondeur.

La plus grande partie du roman s’attache à détailler l’univers dans ses moindres détails. Les personnages, les vaisseaux, la politique, les sociétés et leurs avancées technologiques par exemple, tout y passe. C’est très fouillé. Mais c’est aussi trop long. Ce qui aurait fait un bon roman de deux cent pages devient malheureusement un pavé lassant de plus de huit cent pages. De plus, cela manque d’émotion, même dans des scènes qui devraient prendre le lecteur aux tripes (comme les multiples descriptions des enfers), ce qui accentue l’ennui du lecteur.

La fin s’avère plus prenante. L’action devient plus présente, y compris un certain nombre de combats spatiaux d’envergure. Chacun dévoile ses cartes : tous se sont crus les plus malins, mais bien sûr c’est surtout la Culture – et évidemment Circonstances Spéciales, sa section spéciale d’espionnage qui aime se mêler de tout ce qui a trait de près ou de loin à une guerre – qui se révèle avoir joué le plus finement.

Une dernière déception m’attendait à la dernière page : ce qui se veut une révélation finale est tombé pour moi comme un cheveu sur la soupe, me laissant totalement perplexe. Ce n’est qu’en cherchant sur le Net que j’ai découvert que cela se voulait un clin d’œil à L’usage des armes, précédent roman de l’auteur que je n’ai pas encore lu. Ce n’est cependant pas bien grave : ne paniquez pas, ce roman se lit parfaitement indépendamment.

Au final, on a donc un roman dans un univers riche et fouillé, mais beaucoup trop long par rapport à la pauvreté de l’intrigue. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Iain M. Banks, je leur conseille plutôt ses premiers romans, largement plus convaincants.