Alexandre Franc a une idole: Régis Debray. Il a bien eu l'occasion de le croiser dans le train, mais il n'a pas osé lui parler. Alors, quand l'occasion se présente de travailler avec lui, il n'hésite pas, il pose sa candidature...et est retenu ! Mais comment peut-on travailler avec Régis Debray sans vraiment le côtoyer ? En ayant la sensation de le connaitre si bien sans pour autant le connaitre vraiment ? Peut-être simplement en s'exprimant de la manière qu'il maîtrise le mieux, par le dessin et le dialogue.
C'est donc une conversation bien singulière qui s'est engagée entre Alexandre Franc et Régis Debray, l'un dessinant, l'autre écrivant. Et de cette confrontation va naître une vraie poésie, un vrai moment de partage et d'émotion.
De cette relation de travail naîtra aussi une grande complicité, une histoire d'amitié empreinte de respect, et d'une certaine façon, d'un intense amour fraternel. Tout cela est servi par l'humour fin du dessinateur et la plume acérée de l'écrivain. Rarement un ouvrage s'est montré aussi sincère dans le traitement de son sujet, et l'on découvre monsieur Debray sous un jour pour le moins inhabituel (tout du moins pour qui n'est pas de ses proches, peut-être est-il dans son intimité exactement ce qui semble poindre dans ces pages).
Il est évident que les amoureux de bande dessinée plus traditionaliste, ou tout du moins plus dans l'air du temps, n'y trouveront probablement pas leur compte. Le dessin est d'une simplicité désarmante et toujours en noir et blanc. On aurait presque envie parfois de prendre des crayons de couleur et d'en colorier quelques pages... et pourquoi pas au fond...
Mais le message ne pouvait pas être servi autrement. Il n'aurait pas toléré de trop. C'est parfait ainsi, et cela renforce même cette espèce de relation David et Goliath qu'Alexandre Franc installe dès les premières pages. Et puis, c'est une bande dessinée sans en être une. C'est peut-être ça, l'expression de la transition.
Vous l'aurez compris je crois, je ne saurais que trop vous recommander cette lecture !