Même avant de croiser le marchand, Caïus n'était pas vraiment un garçon comme les autres. Toujours taciturne, et toujours ce même rêve qui revenait sans cesse. Mais depuis qu'il possède cette pièce d'argent, son monde prend une toute autre allure. Il a bien essayé de la perdre, de la faire disparaître, mais sans cesse elle revient, trouvant toujours un chemin vers sa poche et vers sa vie. Bien loin d'être un porte bonheur, depuis qu'il la possède, sa vie devient un vrai cauchemar, dans tous les sens du terme.
Il est bien difficile de savoir par où commencer. Replaçons tout d'abord le livre dans le contexte d'une trilogie. Il est le premier donc et en charge de poser le décor. Et c'est sur ce premier point que viennent les premières interrogations. Passées les premières pages qui sont plus que prometteuses, on tombe rapidement dans l'incompréhension. Pendant presque deux cent pages, on attend des explications, on cherche un lien entre les différents éléments, on attend le fil rouge à suivre, et rien ne vient. Au contraire, les actions des uns et des autres semblent tout à fait détachées les unes des autres.
L'action en elle-même est longue à s'installer réellement. Pourtant, cela également semblait bien parti. Mais après l'épisode des combats dans l'appartement de Caïus, une nouvelle fois, on tombe dans le flou artistique.
Les personnages sont assez particuliers. On sent parfaitement la volonté de l'auteur de maintenir une certaine dualité pour chacun d'entre eux. Il explore alors les gammes de gris, si bien que là aussi il devient assez compliqué de se repérer. Certains ne sont qu'effleurés, d'autres apparaissent un peu comme par enchantement, mais, de par là même, aucun n'est réellement attachant. Et cela ne simplifie pas la lecture.
Du point de vue de l'action, tout s'accélère passés les deux premiers tiers du roman, dans des proportions incroyables. On passe vraiment du tout au tout. Pour autant, notre lecture n'en est pas plus éclairée. Et cela est bien troublant.
Une certaine frustration s'installe et ne m'a pas lâchée jusqu'à ce que je referme le livre.
Une certaine frustration oui car malgré tous ces points négatifs, le monde imaginé par G.L. D'Andrea a vraiment quelque chose de nouveau. Un côté oppressant indéniable, un quartier de Paris inconnu, des personnages vraiment originaux, en somme une base qui promet une histoire de vraiment bonne qualité. Alors oui, bien sûr, cela retrace parfaitement l'état d'esprit du jeune Caïus, mais à vouloir peut-être trop bien retracer les sentiments de celui qui semble être le héros de l'histoire, l'auteur risque de perdre bon nombre de lecteurs. D'autant que ce livre s'adresse notamment à des ados et que, disons-le clairement, si un adulte peut être facilement perdu dans cette histoire, un adolescent risque de rapidement abandonner sa lecture.
Il ne reste plus qu'une chose à faire : croiser les doigts et espérer que le tome deux nous éclaire un peu plus sur cet univers qui semble bien intéressant, et sur ce qu'est le Wunderkind (ce que nous ne savons toujours pas à la fin du tome un).