C'est un matin tranquille au lycée huppé de Glendale. La conseillère d'orientation écoute une de ses collègues se plaindre de ses problèmes de santé imaginaires quand des coups de feu retentissent. L'état d'urgence est déclaré et bientôt les nouvelles tombent : trois des meilleures élèves du lycée ont été retrouvées dans les toilettes. L'une est morte, une autre dans le coma, et la troisième blessée au pied. La survivante accuse l'une d'entre elles, mais comment la croire ? Elle est la seule à pouvoir raconter ce qui s'est passé...
La petite communauté est sous le choc, car les trois victimes étaient inséparables depuis l'école primaire. Kat, élève brillante, camarade agréable, beauté sculpturale, a reçu une balle en plein cur. Perri, la langue bien pendue, l'esprit acéré, excellente en théâtre, s'est tiré une balle dans la tempe. Josie, la sportive, dit avoir vu ses amies s'entretuer et avoir reçu un projectile dans le pied alors qu'elle tentait de s'interposer entre elles. Mais pour la police, plusieurs choses ne collent pas. La trajectoire de la balle dans le pied de Josie par exemple. Les traces de pieds ensanglantées s'éloignant de la porte des toilettes au lieu de s'en rapprocher. Les indices trahissant la présence d'une quatrième personne sur les lieux au moment du drame, alors que Josie jure qu'elles n'étaient que trois. Et puis, surtout, l'amitié indéfectible qui liait les trois ados. Placée devant ses contradictions, Josie ne s'éloigne pourtant jamais de sa version des faits. Que s'est-il passé dans le lycée de Glendale ce matin-là ?
Voilà un thriller qui ne manque pas de qualités. Une construction rigoureuse et habile maintient tout au long de la lecture un suspense haletant. Passé et présent s'entrecroisent pour livrer au lecteur des indices sur la personnalité des trois lycéennes et sur la nature de leurs liens. On plonge également dans les pensées de leur entourage, et tous ces éléments forment un vaste puzzle que seul le dénouement viendra compléter. Un dénouement assez inattendu mais pourtant très cohérent, qui ne donne pas dans le spectaculaire mais vient s'imbriquer parfaitement dans le reste du puzzle.
Le style, sans être très recherché, est fluide et fait montre d'une grande précision dans la description des états d'âme des personnages. On peut néanmoins reprocher à l'auteur un manque d'épaisseur dans les caractères de certains personnages secondaires. Si les trois lycéennes sont vraiment bien campées, leurs parents, par exemple, manquent un peu de substance. C'est gênant lorsque Laura Lippman tente de retranscrire leur douleur face à la perte de leurs enfants. Ces passages manquent un peu d'empathie et d'humanité.
Il n'en reste pas moins que Celle qui devait mourir demeure un thriller de bonne qualité. On passe un moment de lecture agréable à tenter de percer, en même temps que les enquêteurs, le mystère de cette fusillade lycéenne.