Syrine a seize ans. Jeune fille plutôt comme les autres, elle avait sa bande d'amis, sa famille, son lycée et ses soucis d'adolescente. Puis, un jour, tout a changé. Elle a senti deux bosses dans son dos, au niveau des omoplates. Un genre d'acné ? Une maladie beaucoup plus grave ? Elle aurait pu en parler autour d'elle, même si elle trouvait cela dérangeant et peut-être même honteux. Seulement, avec ces bosses sont arrivés des cauchemars, des voix dans sa tête et des envies de sang d'ingurgiter du sang. Comment en parler autour d'elle sans passer pour une folle ? Non, Syrine ne pouvait pas en parler. Elle a donc traversé cette crise seule. Mais ses sautes d'humeur ont été de plus en plus difficiles à contrôler, comme si ce n'était plus elle qui était maîtresse de son corps mais cette autre personne, celle dont la voix résonnait parfois dans son crâne.
Et puis son père a trouvé une opportunité professionnelle et toute la famille a quitté Marseille pour Rennes. Un grand changement pour tout le monde, mais peut-être une chance pour Syrine de tourner une page dans sa vie et de comprendre ce qui lui arrive. Seulement, elle n'avait pas prévu que tout le monde la snoberait dans son nouveau lycée. Pourquoi ? Qu'avait-elle fait à ces personnes qu'elle ne connaissait même pas ? C'est vrai qu'ils n'avaient peut-être pas l'habitude de voir des personnes un peu colorées, mais quand même ! En tout cas, ce n'est certainement pas ça qui va arranger les choses pour calmer la colère qui gronde en elle. Surtout que ses excroissances grandissent de plus en plus, accompagnées de douleurs terrifiantes et d'une envie de sang croissante. Qu'est-elle en train de devenir ? Un monstre ?
Ce n'est pas simple de chroniquer un livre d'une personne que l'on connait. Pourtant, je voulais savoir ce qu'écrivait Sophie. J'en avais entendu parler tellement en bien qu'il fallait que je sache. Eh bien, maintenant je sais. Même si le livre n'est pas parfait et possède quelques imperfections par ci par là, j'ai pris un immense plaisir à le dévorer. Oui, je ne l'ai pas lu mais dévoré. J'avais hâte de retrouver Syrine quand je devais lui dire au revoir. J'ai souffert avec elle, beaucoup, je me suis mis à sa place dans ce monde d'incompréhension. J'ai tout simplement plongé avec mon cur et mon âme dans cette histoire. Et c'est bien la preuve de grands écrivains. Pas simple, je disais, de chroniquer le livre de quelqu'un que l'on connait parce que si on est trop gentil, les gens vont se dire qu'on exagère. Mais là, ça n'est pas le cas. Je ne le cache pas, il y a quelques défauts, comme des dialogues un peu trop pompeux ou moins réalistes, des tournures de phrases maladroites par moment ou des ficelles que l'on voit venir. Mais à côté de cela, il y a tellement de choses merveilleuses. Être happé comme ça par un livre, ça n'arrive pas tout le temps, même si on adore ce qu'on lit. Non, là j'étais avec Syrine, à ses côtés. La douleur qu'elle ressentait, le racisme dont elle était victime, les injustices, les envies, je les ressentais aussi avec elle. Un vrai moment de partage, et pas qu'en bien !
Bien sûr, j'ai eu envie de lui botter l'arrière train à de nombreux moments, envie de lui dire "mais putain, tu vas leur parler bordel !", mais j'ai eu aussi envie de la prendre dans mes bras, de la consoler, de l'aider à traverser les épreuves qu'elle traversait. Oui, quand je dis que j'ai été transporté, ce n'est pas un vain mot.
Du coup, j'ai une énorme envie de lire la suite. Tout comme une appréhension. Est-ce que ça sera aussi bien ? Est-ce que l'ambiance sera toujours la même ? Parce qu'elle va changer, forcément, vu la fin. Et je me dis que c'est un risque, parce que j'ai adoré cette partie au lycée, une ambiance que j'affectionne particulièrement. Mais je ne peux pas ne pas connaitre la suite de cette histoire. Impossible. Il faut que je suive Syrine jusqu'au bout. Bientôt, très bientôt, mais jamais assez.