Les Chroniques de l'Imaginaire

Ma vie extraordinaire - Unenge, Johan

Dans la ville suédoise de Hellevik, Mattias est un adolescent comme les autres. Depuis qu'il a arrêté le tennis de table, il partage ses journées entre le lycée, l'écoute de la radio de la police où travaille son père et les jeux vidéo en compagnie de son meilleur ami Oscar. Il a également des vues sur Alva, une jolie blonde de sa classe mais qui semble ne pas l'avoir remarqué. Enfin, il y a l'équipe de basket locale, les Tigres de Hellevik , en route pour la finale nationale grâce à l'un de ses joueurs, Yossef Dommobor, en espérant que son titre de séjour soit renouvelé.

La vie aurait pu suivre son cours habituel sans l'évasion de plusieurs réfugiés du centre d’accueil de la ville. Mattias découvre alors que de sombres sentiments émergent parmi la population qui parle de battue, de traque à mort. La haine raciale dans ses plus sombres aspects. Lui, Mattias, souhaite juste poursuivre sa petite vie tranquille, mais cela sera-t-il possible ?

Ma vie extraordinaire est un ouvrage à la forme originale, moitié roman, moitié bande dessinée, qui traite d'un sujet grave : le racisme et plus précisément la montée du nationalisme radical en Suède. Mais le propos peut facilement être transposé dans n'importe quel pays qui voit la xénophobie se développer face à la crise économique.

Le héros, Mattias, est un adolescent tout à fait ordinaire. Le lecteur peut aisément s'identifier à ce jeune garçon qui souhaite surtout vivre tranquille. Il n'a pas réellement d'opinion sur la tourmente qui s'enclenche au sein de la population de sa ville. Pourtant, petit à petit, il va réfléchir sur le sujet, se demander ce qu'il en pense réellement et devoir choisir son camp.

Johann Unenge nous montre le visage du racisme dans tout ce qu'il a malheureusement de plus ordinaire. Comment il se cache partout, même chez des personnes en apparence bien sous tous rapports. Comment certains étrangers peuvent être acceptés alors que d'autres ne mériteraient même pas d'exister. Comment la crise économique est vectrice de haine car il est plus facile de chercher un bouc émissaire externe que de se poser des questions de fond.
Le passage de la forme romancée aux planches illustrées se fait naturellement. Aucune des deux ne prend le pas sur l'autre, elles forment juste un tout cohérent. Pour les illustrations, un simple crayonné noir et blanc suffit. On partage la vie et surtout les réflexions de Mattias dans un style simple et actuel, sans que cela soit démagogique. Le ton est juste.

Un ouvrage qui deviendra vite indispensable pour voir le visage ordinaire du racisme et se demander comment on aurait réagi à la place de Mattias. A mettre entre les mains de tous nos adolescents à partir de douze ans.