Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi telle ou telle chose est ce qu'elle est ? Pourquoi est-ce que la simplicité d'un trait ou la force d'un sentiment peuvent imposer certains objets et en négliger d'autres ? Et au fond, pourquoi les "mis sur la touche" devraient-ils se cantonner à cette seule utilité ? Pourquoi n'auraient-ils pas eux-même leur forme de poésie ?
C'est plus ou moins autour de cette idée même des chose que s'articule ce petit recueil.
Sa forme est bien classique finalement, il ne s'agit que d'un recueil de poèmes. Mais pour les habitués des sonnets et autres alexandrins, c'est à ce simple mot que s'arrêtera le monde du connu. Un recueil de poèmes en prose, voilà donc ce dont il s'agit. Monsieur Ponge raconte en prose la poésie du monde, là où l'on oublie bien souvent de la voir. Le mimosa, la barque, lhuître, la guêpe, le ministre ou la cruche sont autant de thèmes bien peu usés par le poète traditionaliste.
Les textes sont relativement courts, mais toujours entre le réalisme et le lyrisme, avec pour résultat une fraîcheur surprenante, inattendue, et tellement bienvenue (surtout pour lhuître, vous en conviendrez).
La petite biographie en fin d'ouvrage est suffisamment concise pour être lue par tous, et en même temps suffisamment précise pour que le lecteur sache qui était Francis Ponge. Personnellement, le titre même de la préface a accroché mon adhésion pour la totalité de l'ouvrage. Je vous laisse le découvrir.
Le petit bémol est certainement l'aspect quelque peu inhabituel de ces poésies qui risque de freiner la compréhension des jeunes lecteurs. Et puis, disons-le tout de même, il faut une bonne dose de détachement pour trouver de la poésie à un ministre...
